De Léon Blum à Charles de Gaulle, nombreux sont ceux, au sein de courants politiques et littéraires variés, qui ont eu l'oeuvre de Maurice Barrès pour source d'inspiration. A la croisée de deux siècles, la vie de celui qui sera « Prince de la Jeunesse », socialiste boulangiste puis nationaliste, est aussi au croisement de plusieurs visions de la société et de l'individu.
[...] A la croisée de deux siècles, la vie de celui qui sera Prince de la Jeunesse socialiste boulangiste puis nationaliste, est aussi au croisement de plusieurs visions de la société et de l'individu. Du Culte du Moi au nationalisme, sa perpétuelle évolution reste ancrée dans une inlassable quête d'identité. Mais comment ce jeune journaliste dilettante est-il devenu l'un des chefs de file du nationalisme ? Et quelle place a tenu le nationalisme barrésien à son époque ? Nous montrerons d'abord comment la conception de l'identité de Barrès a évolué, du Moi Individuel au Moi National, puis nous étudierons les manifestations du nationalisme barrésien. [...]
[...] Fort du crédit acquis par ses écrits, Barrès peut s'engager en politique à partir d'avril 1888, en apportant son soutien au général Boulanger. Il est difficile d'affirmer si cette entrée en politique est simplement une expérience de plus pour le Barrès animé par le Culte du Moi, ou l'expression d'une véritable conviction. En tout cas, lui qui s'oppose vigoureusement au parlementarisme et défend l'incarnation du pouvoir en un personnage fort, croit voir en Boulanger la figure providentielle. Il se présente à Nancy sous la bannière du socialisme boulangiste en 1889 et est élu député. [...]
[...] C'est l'époque de la découverte de l'Inconscient et du déterminisme sociologique, de la crise de la vision classique du Moi. Fortement influencé par ce contexte et par Jules Soury dont il suit assidûment les cours, Barrès va remettre sa doctrine en question. Sur le plan politique, il va s'orienter vers ce qu'il appelle lui-même le socialisme nationaliste sorte de synthèse qui fait du nationalisme le socialisme véritable, en tant que seul capable de défendre les ouvriers français contre la main d'œuvre étrangère. [...]
[...] Maurice Barrès est né à Charmes-en-Moselle dans les Vosges en 1862. Sa jeunesse est marquée par des déménagements successifs, qui constituent ses premiers déracinements. Après être passé au lycée de Nancy, il vient à Paris étudier le droit mais il se sent très vite attiré par les Lettres, et il va tenter de se faire connaître par l'écriture. Pour cela il commence par lancer sa propre revue mensuelle en 1884, les Tâches d'Encre, qui se conclut par un échec après quatre numéros, puis il publie de nombreux articles dans le Voltaire, un journal anticlérical et républicain. [...]
[...] En quelques années, le Prince de la Jeunesse devient une figure de proue du nationalisme. Barrès va trouver dans l'Affaire Dreyfus à partir de 1898 une tribune de choix pour son nationalisme. Il va pouvoir en exprimer une facette que l'on ne retrouvait pas chez Boulanger, l'antisémitisme, qu'il reprochait d'ailleurs au général de ne pas avoir utilisé, comme un thème capable de rassembler au-delà des clivages sociaux et économiques. Barrès était en effet, comme beaucoup d'intellectuels de son temps inspirés par les questions de l'identité, très perméable sur les doctrines raciales. [...]
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