Pour Aristote, il y a un fondement naturel de l'esclavage, et non légitimé par la convention (non arbitraire donc). Il existe, par nature, parmi les hommes ceux qui sont faits pour être dominés et ceux qui sont faits pour dominer.
Aristote dans la Politique passe en revue les diverses formes de koinonia (communauté) qui sont à la cité ce que les parties sont au tout : le couple, la famille, le village : description empirique de la réalité des rapports humains (...)
[...] La relation du maître et de l'esclave s'apparente à l'appropriation d'un outil. Objection : la dimension instrumentale de la relation du maître et de l'esclave ne signifie nullement qu'elle soit conforme avec la nature des choses. L'esclave prolonge la puissance d'agir du maître. Par conséquent s'il y a des esclaves, c'est parce qu'il y a des maîtres. une justification de type utilitariste : L'esclave est un objet qui a la capacité de s'animer lui-même. Si les navettes tissaient d'elles-mêmes, et les plectres pinçaient tout seuls la cithare, alors ni les chefs d'artisans n'auraient besoin d'ouvriers, ni les maîtres d'esclaves. [...]
[...] L'esclavage est la domestication socialement utile d'une bestialité dans l'espèce humaine. C'est parce qu'il y a chez certains êtres humains un déni objectif d'humanité que l'esclavage existe. Chez Aristote il y a toujours un rapport proportionnel entre la fonction sociale et le degré d'humanité. Paradoxe : Il arrive que des esclaves ont des âmes d'hommes libres, et des hommes libres des corps d'esclaves. Dès lors peut-on affirmer que liberté et servitude ont toujours leur origine dans la nature ? On retrouve la distinction entre la phusis et le nomos. [...]
[...] b)la théorie sophistique (Antiphon : nous nous transformons en Barbares les uns vis-à-vis des autres ce qui anticipe les analyses de Claude Lévi- Strauss dans Race et histoire) selon laquelle la puissance du maître sur l'esclave est contre-nature (para phusin), parce que c'est seulement la convention qui fait l'un esclave et l'autre libre, mais selon la nature il n'y a entre eux aucune différence ; et c'est ce qui rend aussi cette distinction injuste, car elle repose sur la force. > opposition de la nature (phusis) et de la loi (nomos). Aristote veut battre en brèche l'idée selon laquelle la division sociale résulte d'une décision humaine. Il entend récuser l'illusion artificialiste selon laquelle l'esclavage tire sa force d'une convention sociale et non de son enracinement dans la nature. [...]
[...] argument ontologique par le recours à la métaphore : Le maître est à l'esclave ce que l'âme est au corps, ce que la pensée est à l'action, ce que l'intelligence est à la force nue. Métaphore organiciste : l'esclave est l'organon du maître. La servitude repose sur une différenciation entre les hommes fondée sur leur nature individuelle. Quand les hommes diffèrent entre eux autant que d'un homme d'une brute, ceux-là sont par nature des esclaves et il leur est préférable de subir l'autorité d'un maître. Le monde, le cosmos repose tout entier sur des relations d'ordre et de subordination. La nature entière, le philosophe la déchiffre comme un immense réseau de relations hiérarchiques. [...]
[...] L'être qui par son intelligence a la faculté de prévoir est par nature un chef et un maître, tandis que celui qui au moyen de son corps est seulement capable d'exécuter les ordres de l'autre est par sa nature même un subordonné et un esclave : de là vient que l'intérêt du maître et celui de l'esclave se confondent. Que le maître et l'esclave soient dans une situation de dépendance mutuelle au même titre que l'homme et la femme signifie que cette hiérarchie repose sur une détermination naturelle sur laquelle les conventions n'ont aucune prise. La différence des conditions est destinée à la conservation commune et cette détermination est d'ordre biologique. Dans la relation du maître de l'esclave, l'inférieur comme le supérieur poursuivent leur finalité singulière. [...]
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