Sciences humaines et arts, ambiguité du scepticisme, sceptiques, doute, doute méthodique, doute véritable, Carnéade, tristesse du logos, force de la coutume
Ce bref parcours auprès des hommes qui ont constitué dans l'Antiquité le coeur même de la théorie sceptique montre que l'idée même de vérité occupe une place étrange. Pourquoi le sceptique doute-t-il ?
Tous s'accordent sur le fait que nos représentations ne nous permettent pas d'accéder à la vérité. Mais nous avons vu avec Carnéade, qu'au sein même des phénomènes, nous pouvions en discerner certains plus nettement que d'autres et donc, à partir de là, guider notre action. Finalement les sceptiques doutent bien de tout, excepté peut-être de l'impression même que laissent les phénomènes.
[...] La tristesse du logos et la force de la coutume En s'assurant de ne jamais croiser le chemin du vrai, le sceptique se place donc dans une condition optimale pour provoquer et se maintenir dans un état d'ataraxie. Le revers de cette théorie est bien de souligner que la vérité, et la certitude qu'elle ne manque pas de susciter, engendrent une forme de tristesse. Sextus le précise bien : En effet, celui qui affirme dogmatiquement que telle chose est naturellement bonne ou mauvaise est dans un trouble continuel Esquisses, ibid Ce trouble est bien évidemment le symétrique de la tranquillité procurée par le doute. [...]
[...] La neutralisation des arguments permet de maintenir celle-ci et finit donc par nous amener à la tranquillité de l'âme tant recherchée: l'ataraxie. Un doute véritable? En se raffinant, le scepticisme développe des procédés qui permettent toujours de produire l'isosthénie quels que soient les arguments qui lui sont opposés. Cette démultiplication ne peut que nous amener à nous interroger sur ce que l'on peut très vite considérer comme une forme de mauvaise foi. Cela est très sensible dans le prolongement que propose Sextus Empiricus de cette pensée. [...]
[...] L'ambiguité du scepticisme : les sceptiques doutent-ils vraiment? Ce bref parcours auprès des hommes qui ont constitué dans l'Antiquité le cœur même de la théorie sceptique montre que l'idée même de vérité occupe une place étrange. Pourquoi le sceptique doute-t-il ? Tous s'accordent sur le fait que nos représentations ne nous permettent pas d'accéder è la vérité. Mais nous avons vu avec Carnéade, qu'au sein même des phénomènes, nous pouvions en discerner certains plus nettement que d'autres et donc, à partir de là, guider notre action. [...]
[...] Le sceptique ne cherche peut-être pas la vérité mais instrumentalise ce doute pour viser autre chose. C'est pour cela que nous pouvons parler de mauvaise foi. Le sceptique fait comme s'il cherchait sans cesse la vérité, alors que, dans le fond, il a en vue bien autre chose. L'extrait de Pyrrhon met en valeur ce point que nous avons trop tendance à oublier dès que nous revenons à l'activité même que nous qualifions de sceptique. Or, cette chose, il ne l'obtient précisément qu'en se maintenant dans la recherche (l'enquête). [...]
[...] Sextus le rappelle nettement: Donc en nous attachant aux choses apparentes, nous vivons en observant les règles de la vie quotidienne sans soutenir d'opinions. Ainsi, au terme de la doctrine, nous arrivons finalement avec les sceptiques grecs à un scepticisme qui est précisément à l'opposé de ce que l'on entend communément par le mot même de sceptique. Ceux-ci développent un doute loin de toute inquiétude, complètement détourné de la recherche inquiète du vrai. Ils se maintiennent dans le doute non pas pour trouver une raison de vivre mais simplement pour vivre bien. [...]
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