Il considère que sa pédagogie est une pédagogie du bon sens. Il met en avant une certaine naïveté des autres pédagogues.
Il part des erreurs : « on ne commence pas par l'expérience, non plus par les raisonnements mais par les erreurs ». D'après lui, une erreur toute à fait classique en pédagogie consiste à se contenter de l'enfant tel qu'il est aujourd'hui. La raison d'être de la pédagogie est de partir de l'enfant tel qu'il pourrait être : on part de l'avenir de l'enfant -> le devenir grand de l'enfant. Il a une vision dynamique de l'enfant : il décrit l'enfant par ses potentialités. Il faut s'intéresser à ce que l'enfant pourrait savoir sans aide, sans l'étayage. Sans l'adulte l'enfant pourrait faire beaucoup plus de choses.
Cela va à l'encontre de l'école. L'enfant envie l'adulte et s'il accepte d'apprendre ce que l'adulte sait c'est parce qu'il veut à son tour devenir adulte. Cette pédagogie qui enferme l'enfant dans l'enfance va lui déplaire. Il veut être considéré comme quelqu'un avec des responsabilités, tout du moins à l'école. Il veut être considéré comme écolier.
L'enfant est un être en devenir : il veut sortir de l'enfance. Alors que l'adulte veut retrouver sa propre enfance au travers des enfants, l'enfant veut être un adulte, il veut le difficile. L'enfant cherche des défis à surmonter. Il faut donc trouver des difficultés que l'enfant peut surmonter mais moyennant des efforts. L'enfant ne peut apprendre que ce qu'il ne sait pas encore à condition de pouvoir y accéder.
« Il faut intéresser l'enfant, il ne faut pas vouloir l'intéresser » : l'adulte recherche l'intérêt pour l'intérêt et risque d'oublier le contenu de la leçon. Le but n'est pas de l'intéresser. Le but est d'ouvrir l'enfant à quelque chose qu'il ne connaissait pas encore. Intéresser l'enfant c'est ne plus être enseignant mais devenir « animateur ». Il faut donc renoncer à instruire l'enfant. Quand l'enseignant veut à tout prix amuser les enfants, ils mépriseront l'amuseur -> l'enfant mépriserait l'adulte qui tente de lui plaire (...)
[...] Le langage va se prolonger dans l'effort pour convaincre les autres. On essaie de convaincre les autres. Le langage nous conduit donc assez vite à argumenter pour convaincre. On essaie de trouver des idées communicables. Il faut que l'enfant se décentre davantage et trouve des idées séduisantes pour un enfant et pour un adulte. C'est en faisant ce travail qu'il devient grand. L'enfant apprend donc à penser avec les autres enfants et des adultes. L'apprentissage de la pensée ne se fait qu'à travers des interactions. [...]
[...] L'intelligence de l'enfant est syncrétique. Les mots servent à l'enfant à voir des liens entre des choses extrêmement différentes. Il ne fait pas la différence entre ce qui est naturel ou matériel et ce qui est humain. C'est pourquoi son intelligence serait comparable à celle du magicien. Le langage joue donc un rôle central. Il faut l'inviter à faire des distinctions pour le faire sortir de ce syncrétisme. A chaque fois qu'il apprend à faire une distinction, il est amené à ne plus faire les mêmes erreurs. [...]
[...] D'après Alain, la pensée syncrétique de l'enfant est trop abstraite. Sous la pression de l'école, l'enfant descend de cette première abstraction. L'imagination de l'enfant est autant verbale qu'imagée. On ne va pas à l'école uniquement pour apprendre un travail manuel. L'école ne doit pas être réduite à l'enseignement d'un métier. L'enfant va à l'école pour se familiariser avec les signes. La seule manière de savoir et d'apprendre c'est de passer par les mots, les livres. Savoir ne se réduit pas à savoir faire. [...]
[...] Il a des conceptions constructivistes de la pédagogie. C'est la raison humaine qui construit l'idée. L'idée la plus fausse de certains pédagogues est : ils croient que savoir c'est facile or ce n'est pas le cas. Il faut partir du principe que savoir c'est difficile mais nécessaire : on ne goûte pas les sciences comme on goûte les fruits confits En progressant l'enfant va savoir qu'il a été trompé car il se rendra compte que le savoir renferme quelques difficultés. [...]
[...] Savoir faire est donc une condition nécessaire pour savoir. Les techniques ne suffisent pas. Le travail de l'enseignant est d'aider l'enfant à sortir de ces conceptions superstitieuses. L'enfant croit tout ce que lui dit l'enseignant. Comme l'adulte, l'enfant croit au destin. L'enseignant doit supposer que l'élève peut apprendre et supposer qu'il peut lui apprendre quelque chose. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à la fatalité est mauvais pour l'école. Il faut donc se baser sur le principe de responsabilité. [...]
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