Pour certains, la "mondialisation de la culture" est une promesse de démocratie planétaire, un "village global" à la Mc Luhan. Pour d'autres, c'est immanquablement la cause d'une perte d'identité et même une justification de l'affirmation des particularismes par tous les moyens.
La rencontre de l'argent et des biens culturels pose question : pour Bové et Dufour Le Monde n'est pas une marchandise (2000) ; en 1998 les mouvements antimondialisation font échouer l'AMI (Accord Multilatéral sur l'Investissement) ; le premier Forum social mondial a lieu à Porto Alegre en janvier 2001 et réunit tous les mouvements qui s'opposent à la mondialisation économique et culturelle ; les manifestations lors du G8 de Gênes en juillet 2001 sont de grande ampleur ; les 2ème et 3ème Forum social mondial (2003 et 2004) accentuent la pression altermondialiste et le refus de la gouvernance à l'américaine.
Cet ouvrage cherche la clef d'interprétation du marché mondial des biens culturels à travers sa structure et le contexte dans lequel il opère (...)
[...] Mais ce texte n'a pas de valeur contraignante pour les Etats, il fournit une référence que l'on peut invoquer pour se défendre Et les sociétés industrialisées ? Les cultures industrielles européennes sont aussi menacées par la superpuissance américaine : production multimédias, télévision, cinéma, livre. La France pour se défendre a invoqué l'exception culturelle, expression inventée pas Jack Lang dans les années 80. En 1993 les productions audiovisuelles sont à ce titre retirées du GATT. Tous les leader politiques français souhaitent une politique européenne commune pour soustraire les industries culturelles au libre-échange dans le cadre de l'OMC ou d'accord comme l'AMI (Accord Multilatéral sur les Investissements). [...]
[...] Aujourd'hui la marchandisation de la culture prête à controverse, elle emprunte massivement les moyens de distribution du marché. Nombreux sont ceux qui pensent que la culture est trop vitale pour être abandonnée aux marchands du temple Pour Georg Simmel (Philosophie de l'argent, 1900), l'argent détruit les formes sociales et culturelles, ce que ne faisaient pas les échanges réciproques villageois. Il a entraîné selon Karl Polanyi (The Great Transformation, 1944) une grande transformation après laquelle le marché n'est plus réciproque et social, mais autonome et économique. [...]
[...] La langue de l'ancien colonisateur donne accès à la science et à la culture mondiale mais avec des supports qui blessent l'identité nationale. Les sociétés du Tiers-monde ont souvent envoyé leurs enfants et Occident pour étudier (et s'acculturer inévitablement) car il a une longueur d'avance dans la pratique de l'enseignement. Protéger le patrimoine d'une région, c'est donc aussi encourager l'irrédentisme en tolérant les langues vernaculaires et en mettant à mal le projet démocratique d'une politique éducative uniforme. Les politiques culturelles sont changeantes, les cultures singulières sont le seul rempart contre l'invasion des produits de l'industrie culturelle occidentale. [...]
[...] Partout ailleurs on demande l'eau courante, l'électricité, la voiture, les armes, les médias, etc. Cela s'explique en partie par les conditions de vie en milieu agricole dans le régime préindustriel malthusien selon les démographes) : taux de fécondité élevé, mortalité infantile de espérance de vie de 35 ans, famines, guerre parfois. La colonisation a souvent remédié à ces problèmes, même si certains missionnaires chrétiens ont pu être rejetés, d'autres ont au contraire été sollicités et assimilés dans la politique locale et les rapports sociaux Production des sujets et production des biens 13 Les sociétés de la tradition consacrent beaucoup de temps en rituels et cérémonies pour inscrire l'individu dans des habitudes mentales et motrices dans un identité, et lui construire un cycle de vie, lui donner une boussole. [...]
[...] Le vedettariat est favorisé par cette transformation en marchandise. La production de l'industrie culturelle est éphémère, à risque (que l'on externalise dans des petites sociétés de production ou en choisissant des artistes qui ont trouvé leur public). Seuls les côtés exotiques et spectaculaires des cultures singulières émergent et ne donnent pas une image claire d'elles-mêmes. Françoise Benhamou dans L'économie de la culture (2003) rassemble les données chiffrées de la France en 2001 : les Français consacrent environ de leur budget aux activités culturelles, passent environ 20h devant la télévision, avec de fortes disparités selon les catégories sociales. [...]
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