Totémisme, structuralisme, Lévi-strauss, primitif, indien, Elkin, Durkheim, Malinowski, Radcliffe-Brown, Goldweiser
Avec Le Totémisme aujourd'hui, l'ambition de Claude Lévi-Strauss est de démanteler « l'illusion totémique ». Il s'applique donc à réfuter toutes les théories totémiques antérieures, qu'elles soient évolutionnistes (qui en postule l'archaïsme), fonctionnalistes (qui en formule les fonctions), utilitaristes (qui en désigne l'utilité), naturalistes (qui en explique l'origine par des facteurs biologiques) ou psychologiques (qui en explique l'origine par des facteurs psychoaffectifs). Ainsi, Lévi-Strauss substitue à ces théories son propre modèle : le structuralisme.
[...] Selon Lévi-Strauss, cette illusion trouve son origine dans la pensée chrétienne, qui a cherché à éloigner le sauvage du civilisé afin de préserver l'intégrité et la légitimité de la religion chrétienne : c'est l'obsession des choses religieuses qui a fait mettre le totémisme dans la religion, tout en l'éloignant le plus possible, en le caricaturant au besoin, des religions dites civilisées, de peur que celles-ci ne risquent de se dissoudre à son contact (p. 129). Ainsi, si l'illusion recouvre une parcelle de vérité, celle-ci n'est pas hors de nous, mais en nous (p. 130). Finalement, la théorie totémique en dit plus sur la mentalité de ses auteurs que sur l'objet de leurs recherches. [...]
[...] 5). Boas conteste aussi en 1916 que les phénomènes culturels pussent être ramenés à l'unité (p. 12). S'ensuivent de nouvelles critiques qui conduisent peu à peu les savants à abandonner le totémisme comme objet d'études, sans pour autant que le terme ne disparaisse totalement. L'ambition de Lévi-Strauss est donc de poursuivre la déconstruction du totémisme, qui est selon lui une unité artificielle qui existe seulement dans la pensée de l'ethnologue, et à quoi rien de spécifique ne correspond au-dehors (pp. [...]
[...] Ainsi, c'est la notion même de totémisme qui est illusoire et non pas seulement son unité (p. 58). Selon Lévi-Strauss, Elkin aurait dû s'émanciper de la notion de totémisme pour reconstituer un système global intégrant les phénomènes sociaux et religieux (p. 60). C'est ce que Lévi-Strauss s'appliquera à faire dans La Pensée sauvage, ouvrage qu'il publie la même année que Le Totémisme aujourd'hui. Lévi-Strauss revient aussi sur la théorie des organisations dualistes, en partie responsable de l'illusion totémique. Selon lui, le dualisme dépasse la question des moitiés et sections : le schème dualiste se manifeste aussi ailleurs, sous des formes inégalement objectivées, et pourrait même être universel (p. [...]
[...] Chapitre 5 : Le totémisme du dedans (pp. 115-130) Lévi-Strauss achève sa démonstration par l'élaboration de la théorie du totémisme du dedans , en convoquant Durkheim, Bergson, Radcliffe-Brown et Rousseau. Selon Lévi-Strauss, Bergson, un philosophe de cabinet, a mieux compris le totémisme que Durkheim, pourtant censé être mieux placé pour traiter ce problème en tant que sociologue : le philosophe du mouvant trouve la solution du problème totémique sur le terrain des oppositions et des notions ; par une démarche inverse, Durkheim, aussi porté qu'il fut à remonter toujours aux catégories et même aux antinomies, a cherché cette solution sur le plan de l'indistinction (p. [...]
[...] Selon Radcliffe-Brown, la division faucon-corneille apparaît comme un type d'application très fréquent d'un certain principe structural , qui consiste dans l'union de termes opposés (p. 111). Ainsi, pour Lévi-Strauss, le prétendu totémisme ne fait qu'exprimer à sa manière des corrélations et des oppositions qui peuvent être formalisées autrement , comme l'opposition du Yang et du Yin en Chine. Le totémisme se ramène ainsi à une façon particulière de formuler un problème général : faire en sorte que l'opposition, au lieu d'être un obstacle à l'intégration, serve plutôt à la produire (p. [...]
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