Cet essai, écrit en 1962, a été repris dans le volume « Contre l'interprétation » en 1966. Susan Sontag commence par y évoquer les romans de Cesar Pavese qui décrivent des histoires violentes dans un style froid, sobre, sec. Le sujet n'en est pas selon elle la violence intrinsèque mais la subjectivité distante du narrateur
[...] L'écrivain est l'homme qui découvre l'usage de sa souffrance dans l'économie de l'art. Le saint découvrait l'utilité et la nécessité de la souffrance dans l'économie du salut. La révélation de l'amour Les usages de la souffrance ? La littérature, l'isolation et le suicide. Le journal de Pavese de 1935 à 1950, année de son suicide, regroupe les trois attitudes. Les sujets de la souffrance de Pavese : la perspective tôt caressée du suicide, celle de l'amour romantique et celle de l'échec érotique. [...]
[...] Hébreux, Grecs et Orientaux n'attribuent pas la même valeur à l'amour parce qu'ils n'accordent pas la même importance à la souffrance. La souffrance n'est pas chez eux la marque du sérieux. Depuis 2000 ans, souffrir est spirituellement à la mode. La contribution moderne à la sensibilité chrétienne a été de découvrir que la fabrication des œuvres d'art et l'amour sexuel sont les deux plus grandes formes de souffrance. C'est ce que l'on cherche dans le journal de l'auteur et ce que Pavese propose en abondance. [...]
[...] Susan Sontag : L'artiste comme souffrant exemplaire in Contre l'interprétation Cet essai, écrit en 1962, a été repris dans le volume Contre l'interprétation en 1966. Susan Sontag commence par y évoquer les romans de Cesar Pavese qui décrivent des histoires violentes dans un style froid, sobre, sec. Le sujet n'en est pas selon elle la violence intrinsèque, mais la subjectivité distante du narrateur. Le journal de Pavese Susan Sontag porte ensuite son regard sur le journal de Pavese. Pour elle, le lecteur d'aujourd'hui cherche l'auteur dans le journal un peu comme la foule exigeait un sacrifice humain dans les temps religieux. [...]
[...] Mais cette erreur, pour Pavese, est nécessaire dans la jungle de l'intérêt de soi. L'amour est souffrance et la joie d'aimer est son anesthésique. La plus basse des religions L'amour est une émotion ressentie par l'ego solitaire et projetée par erreur sur l'extérieur. Depuis Tristan et Iseult, comme l'a souligné Denis de Rougemont, l'amour, dans l'imaginaire occidental, est une agonie romantique un vœu de mort. Mais chez Pavese, le lien entre écriture, sexe et suicide, est plus complexe : L'amour est la plus basse des religions. [...]
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