Le structuralisme a déjà une longue histoire dans la pensée scientifique et si sa possibilité ne s'est révélée que tardivement c'est que l'esprit a naturellement procédé du simple au complexe en ignorant les systèmes d'ensemble et que les structures ne sont pas observables comme telles.
Piaget, épistémologue et psychologue suisse connu notamment pour ses travaux sur la psychologie du développement de l'enfant insiste sur le fait que le structuralisme est une méthode, et que l'étude des structures ne saurait être exclusive. D'autre part il pense que la recherche des structures est un appel à l'interdisciplinarité, car l' « être » d'une structure ne se confond jamais avec le système des relations observables délimitées dans une science considérée.
Les différentes notions de structures ont en commun un idéal positif et des intentions critiques. Les aspects communs à tous les structuralismes :
- un idéal d'intelligibilité intrinsèque : une structure se suffit à elle-même, pas besoin d'éléments extérieurs pour la comprendre
- la réalisation : atteinte de certaines structures et mise en évidence de leurs caractères généraux au-delà de leur diversité.
Les structures comprennent trois caractères : la totalité, la transformation et l'autoréglage. Elles doivent pouvoir donner lieu à une formalisation de la part du théoricien.
[...] Problème central : en quoi consiste l'existence des structures ? Elle n'est pas formelle (relative au seul théoricien), ce ne sont pas des essences transcendantales (Lévi-Strauss n'est pas phénoménologiste et ne croit pas à la signification première du vécu), elles émanent de l'intellect, d'un esprit humain toujours identique à lui-même. Mais alors quel est le mode d'existence de cet intellect ? Il faut comprendre comment passer de l'universalité des formes à l'existence de structures mieux définies parce que plus limitées ; dans le réel le processus de l'équilibration conduit des formes aux structures et assure l'autoréglage inhérent à celles-ci. [...]
[...] Le marxisme français a avant tout posé que pour Marx la pensée est une production ou pratique théorique résultant d'interactions intimes où interviennent les facteurs sociaux et historiques, et que la contradiction dialectique chez Marx est différente de chez Hegel (pour lequel elle se réduit à une identité des contraires), tout comme la notion de totalité Cette surdétermination a conduit Althusser à insérer les contradictions internes des rapports de production et plus généralement l'appareil de l'économie marxiste dans un système de structures de transformations. Godelier a prolongé les analyses d'Althusser, en arguant la priorité de l'étude des structures sur celle de leur genèse Un structuralisme sans structures Piaget termine son ouvrage en abordant la critique des sciences humaines réalisée par Foucault, qui a donné lieu à certaines découvertes. [...]
[...] Il faut ensuite des règles de construction, la formalisation constitue alors un système qui se suffit à lui-même. Chaque système logique constitue une structure (trois caractères du C.I), mais c'est une structure élaborée ad hoc, or la visée du structuralisme est d'atteindre les structures naturelles (enracinement profond dans la nature humaine, apriorisme / existence absolue indépendante de la nature humaine, retour aux essences transcendantales). Un système logique demeure également une totalité relative, le système reste ouvert par le haut quant aux théorèmes qu'il ne démontre pas, et par le bas car les axiomes de départ recouvrent un monde d'éléments implicites (mais on y trouvera bien un ensemble de structures authentiques ) 8 Les limites vicariantes de la formalisation Les structures ne se confondent pas avec leur formalisation et procèdent bien d'une réalité naturelle. [...]
[...] Chapitre VI : L'utilisation des structures dans les études sociales 18 Structuralismes globaux et méthodiques I. Piaget rappelle la définition de la structure abordée en début d'ouvrage et en conclut que toutes les formes de recherches concernant la société conduisent à des structuralismes, mais il convient de distinguer le structuralisme global du structuralisme authentique parce que méthodique, il y a deux différences : - passage de l'émergence aux lois de composition : chez Durkheim la totalité surgit d'elle-même et est une notion première et explicative, chez Mauss il y a une recherche sur le détail des interactions transformatrices ; - le structuralisme global s'en tient au système observable considéré comme se suffisant à lui-même, alors que le structuralisme méthodique en cherche l'explication dans une structure sous-jacente. [...]
[...] Il est important de rappeler que les structures n'ont pas tué l'homme ni le sujet (au sens de sujet épistémique). Au plan des connaissances l'activité du sujet suppose une continuelle décentration qui le libère de son égocentrisme intellectuel au profit d'un processus de coordinations, réciprocités, etc., évidemment générateur de structures : le sujet existe parce que l'être des structures, c'est leur structuration Une synthèse s'impose entre construction génétique et perspectives structuralistes. Le danger qui menace le structuralisme si on en fait une philosophie est le réalisme de la structure sur lequel on aboutit aussitôt oubliées les opérations dont celle-ci est issue ; la structure est essentiellement un faisceau de transformation. [...]
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