Le propos de Spinoza est de démontrer que « la liberté individuelle peut et même doit être accordée à tous par la communauté publique » (Préface). Comment établit-il la thèse de l'Etat libéral, et jusqu'où s'étend la tolérance de celui-ci, face aux revendications subjectives des individus, notamment en référence aux prescriptions religieuses ?
[...] Cet état est précisément celui de la plus grande incertitude, les hommes vivant sous les seules lois de la convoitise en vertu desquelles tous sont entraînés dans des directions divergentes et du conflit généralisé, les hommes portant leurs désirs vers les mêmes objets, visés à titre de fin ou de moyen. Les relations sont certes possibles, mais ne sont jamais établies. La mobilité de la conjoncture voue les efforts de stabilisation des situations à l'échec. Or, il n'est personne qui ne souhaite vivre en sécurité, à l'abri de la crainte, autant que possible. Mais ce vœu est irréalisable, aussi longtemps que chacun peut accomplir tout ce qui lui plaît. [...]
[...] La violence qui consiste, outre dans la répression physique, dans la disposition de conditions restreignant les possibilités d'action et de choix de l'individu, a un effet dissuasif sur les actions, mais non sur les pensées qu'elle tend à affermir. Elle cristallise les oppositions. La crainte liée au contrôle des opinions atomise le corps social, et transforme la confiance nécessaire à toute cohésion en méfiance généralisée. L'affaiblissement intérieur de l'Etat le fragilise face à ses ennemis extérieurs. L'essentiel de la tâche de l'Etat est donc de créer les conditions d'un renouvellement du transfert de puissance qui lui assure son dynamisme et sa vitalité. [...]
[...] Qu'elle soit souveraine signifie que les individus décident de renoncer à l'action directe c'est-à-dire à décider par eux-mêmes du statut de quelque chose et de l'action à engager par rapport à elle. Ainsi l'Etat garantit-il la sécurité des biens et des personnes, et rend la Justice, qui prend le relais de la vengeance individuelle. Les lois positives de l'Etat unifient les conduites et stabilisent les relations en fixant des causes précises d'espoir et surtout de crainte. Nous connaissons très exactement les actes qui peuvent nous attirer la reconnaissance ou la vengeance universelle. [...]
[...] Ainsi la raison nous conseille de maintenir cet Etat de toutes nos forces ( ) parce qu'entre deux maux, il faut toujours choisir le moindre Néanmoins, l'impossibilité de justifier la révolte n'empêche nullement de constater que la souveraine Puissance est une puissance engagée dans des rapports de force dont est fonction sa puissance effective. Spinoza, citant Sénèque, insiste sur le fait qu'un Etat ne peut se maintenir véritablement par la répression. La crainte est efficace lorsqu'il s'agit d'établir une forme d'organisation sociale. Mais elle est stérile et contre-productive, lorsqu'il s'agit de développer l'Etat, d'assurer l'unification véritable du corps social, et même l'efficacité optimale des lois garantissant la sécurité. Surtout, derrière toute crainte se profile celle de la destruction complète. [...]
[...] Cf. TP IV.4 : La Cité pèche quand elle agit ou permet d'agir de telle façon que sa propre ruine puisse être la conséquence des actes accomplis TTP XX TTP XVII TTP XIII TTP XIV TTP XIX TTP XIX TTP Préface TTP XIX. [...]
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