Une passion doit être jugée en fonction de l'utilité qu'elle présente pour notre propre développement. Spinoza refuse l'idée selon laquelle nous pourrions contrôler nos passions. Il en existe deux fondamentales : la joie et la tristesse. La joie est le signe que nous sommes en train de nous développer dans notre être ; la tristesse indique que nous sommes diminués dans notre puissance d'agir, et donc que nous sommes entravés dans le développement de ce que nous sommes. C'est pour sa position vis-à-vis des passions que Spinoza a reçu de très violentes critiques. En effet, si c'est l'utile qui sert de critère pour classer les passions, alors plus aucune d'entre elles n'est bonne ou mauvaise en soi. La règle classique voulait qu'on évalue une passion en fonction de la morale : une telle conception est absente chez Spinoza. La morale est l'expression d'une norme collective et ignore en ce sens ce que nous avons de plus personnel : notre essence.
Spinoza redéfinit également la liberté. Selon lui, telle qu'elle est conçue par le plus grand nombre, elle est une illusion. Notre âme n'a pas accès aux causes qui lui sont extérieures, qui ne peuvent donc pas, à ce titre, constituer un objet de connaissance adéquate. Par ailleurs, selon Spinoza, imaginer qu'une instance supérieure, la volonté, serait capable d'agir sur les passions, et de les diriger ou les contrôler, est une erreur (qu'a commise Descartes dans les Méditations métaphysiques). En effet, si le corps et l'âme coexistent, ils ne doivent pas être mis au même plan : ils sont parallèles et l'âme n'a aucun pouvoir sur le corps, puisque les affections dont le corps est victime ne proviennent pas directement de l'âme, elle ne peut qu'enregistrer les affections du corps. (...)
[...] Dieu, selon Sp., est tout ce qui existe ; il est le synonyme exact de la nature. A ce titre, on pourrait le classer parmi les panenthéistes (terme apparu plus tard). Contrairement à l'anthropomorphisme religieux classique qui fait de Dieu un créateur transcendant et ayant une fin, le Dieu de Spinoza est impersonnel, ni créateur, ni bienveillant, sans dessein particulier pour l'homme, sans morale (la morale est faite par les hommes pour les hommes). Cette vision de Dieu l'a fait, de son vivant, comme on l'a dit, accuser d'athéisme. [...]
[...] Le terme d'éthique est à distinguer de la morale. Sp. voulait affirmer que la réflexion sur les normes et les finalités de l'existence humaine n'est pas une partie de la philosophie, mais la fin de toute l'activité philosophique (rejoignant ainsi Épicure). Notions en rapport avec le programme : la connaissance, les passions (le désir notamment), la liberté, essentiellement. Sp. donne un sens radicalement nouveau à la connaissance. Elle n'a pas pour fonction de nous mener uniquement à la vérité, elle doit aussi nous conduire à la félicité, à la liberté et à l'éternité. [...]
[...] Selon Sp., Dieu n'attend rien de tel de nous. D'une part, il n'y a aucune finalité dans la nature puisque toute puissance, dès qu'il s'agit de Dieu, est existence. D'autre part, les sentiments de crainte et d'espérance sont contraires à la véritable nature de notre salut. La liberté est si grande que si nous ne cherchons pas à accomplir notre essence, c'est nous-mêmes que nous allons punir dès cette vie. En croyant au libre arbitre, nous reportons finalement les conséquences de nos actions après la mort, comme si c'était à un niveau radicalement autre que pouvait se jouer notre salut. [...]
[...] C'est la théorie du libre arbitre que Sp. récuse ici. Trois genres de connaissance (partie II, 40) : voir plus haut. Au sujet des passions, le désir est l'essence de l'homme (partie III, définition générale des affects). Sp. reconnaît l'importance et la nécessité du désir : c'est par le désir que l'homme existe. Le premier étant le désir de persévérer dans son être, ce qu'il nomme conatus. On parle de volonté lorsque l'affection concerne l'esprit seul ; d'appétit lorsqu'elle engage aussi le corps. [...]
[...] L'ambition de Sp. n'est pas, en effet, d'énoncer une nouvelle théorie de la connaissance, mais de guider le lecteur jusqu'à la vérité et donc à la liberté. Le savoir n'a ainsi de sens que s'il est un guide sur le chemin de la délivrance, d'où le fait que la connaissance du troisième genre soit la plus adéquate : elle est intellectuelle, rationnelle, mais passe aussi bien par l'intuition (elle est ressentie par ceux qui la pensent). Le but de Sp. [...]
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