Le soufisme, aussi appelé humanisme de l'islam, est la partie ésotérique, mystique de l'islam : il s'agit de l'ensemble des croyances et des pratiques se donnant pour objet une union intime de l'homme et du principe de l'être (divinité, nature, idée). Amenant à l'expérience de la rencontre intérieure entre le croyant et son dieu, ce courant se développe dans la quasi-totalité des courants spirituels (pensons à la kabbale). Ici, le soufisme a bien la même base que l'islam orthodoxe : le Coran, Livre Saint, considéré comme la Parole de Dieu livrée à l'humanité tout entière. Cependant, l'interprétation soufie se détache de celle des oulémas, “docteurs de foi” orthodoxes : elle aborde le Coran en suivant une exégèse ésotérique, l'Istinbât, qui signifie littéralement l'acte de faire jaillir l'eau d'une source. Les soufis cherchent donc, au-delà du sens littéral, à en révéler le sens intime et spirituel. Cette science de l'Instibât induit la prédominance chez les soufis de certaines pratiques (3) découlant d'une vision théologique particulière (2)
Dès lors, l'irruption du soufisme dans l'islam au VIIIème siècle AD a crée de virulentes polémiques (1) : les soufis le considèrent comme le cœur spirituel de l'islam qui vivifie son édifice cultuel, moral, théologique, juridique... La charia n'a ainsi valeur que si elle est reliée à la “vérité divine ultime” par “une voie spirituelle”, la tarîqa. En revanche, pour les adeptes de l'islam orthodoxe, il s'agit d'une interprétation tardive et déformée, parfois panthéiste voire hérétique des textes et de la tradition.
Toutefois, si le soufisme regroupe des individus aux même dispositions psychiques liées à la spiritualité et au divin, s'appuyant sur une école juridique globalement commune, le mouvement est loin d'être uniforme et il se subdivise en de nombreux courants ayant chacun leurs caractéristiques propres.
En quoi la tradition soufie ne peut-elle se comprendre qu'à la lumière de l'islam orthodoxe ?
[...] Ainsi, le initiatique suprême” vise à ne rien laisser subsister autre que l'Etre infini de Dieu dans la conscience. Cette pratique, découlant de l'orthopraxie propre aux soufis, est donc en accord avec la doctrine de l'unité (tawhid) caractéristique de l'islam. Elle s'accompagne de danses et de musique. La poésie, véritable création artistique entraînant une révolution esthétique, elle a beaucoup influencé la poésie perse, mais aussi turque, ourdoue avec l'importance de l'allégorie érotique et l'habileté des soufis de transposer la métaphore profane sur un registre divin (grâce au langage de l'amour et du vin). [...]
[...] Ce courant fait figure d'ésotérisme de l'islam, en tant qu'il est sa partie la plus “intérieure”, domaine où s'organise la recherche du secret de la réalité, de l'homme, du divin grâce à un effort d'union amoureuse avec Dieu. Il est en effet la mystique commune aux chiisme et sunnisme. La nouvelle exégèse du Coran implique une nouvelle orthodoxie Si certains traits du soufisme sont communs avec l'islam, sunnite ou chiite, comme la confiance et l'amour absolus en Dieu ( . si vous aimez Dieu, Dieu vous aimera . III les pratiques ascétiques purificatrices et de mémoration, répétition (le dhikr : ô vous qui croyez ! [...]
[...] Discipline ardue, le soufisme devient une branche à part entière de l'islam avec ses propres écrits et théologiens. Al-Muhâsibi traite ainsi des thèmes de l'Unité divine, du renoncement à soi sous forme de sermons, mais évoque aussi les terreurs de la mort et du Jugement Dernier, qui débouchent sur une vision béatifique splendide. Sur la base de l'explication ésotérique du Coran, et particulièrement des hadiths, Mahomet est alors perçu davantage comme un saint contemplatif, véritable bouche de Dieu que comme un législateur universel lors de la recherche active et réfléchie de l'Absolu. [...]
[...] Bibliographie Le soufisme, la mystique de l'islam, A.J. Arberry, le mail www.soufisme.org http://www.1000questions.net/fr/religions/religions3.html Dans cette fiche sur le soufisme, on entendra le terme orthodoxe comme l'islam sunnite et chiite, l'islam non mystique et non pas l'islam sunnite (par opposition au chiite) doctrine imprégnée de magie et de mysticisme, qui vise à la connaissance de Dieu par l'approfondissement de la vie intérieure et à l'action sur l'univers par des moyens surnaturels [4]Les premiers çufi (“vêtu de terme dérivé de çuf étaient les ascètes portant un vêtement de laine, tissu plus grossier que les autres. [...]
[...] Les soufis recherchent ainsi le tauhîd, séparation de l'éternel de ce qui a pris origine dans le temps pour retrouver le lien avec le divin afin d'accomplir “l'anéantissement personnel en Dieu” (fanâ') devant conduire à l'absorption dans l'Unique éternel. Sans cesser d'exister au sens propre du terme, le mystique voit son identité perfectionnée et éternisée par Dieu et en Dieu (la déification de l'homme, impardonnable blasphème, est évitée). La recherche de la communion avec Dieu est alors le but suprême de l'orthopraxie soufie. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture