Les problèmes de la vie moderne prennent leur source dans la prétention de l'individu à affirmer l'autonomie et la spécificité de son existence face aux excès de pouvoir de la société, de l'héritage historique, de la culture et de la technique. Des Lumières à Nietzsche en passant par le socialisme, tout tourne autour d'un thème fondamental : le sujet s'oppose à son nivellement dans le mécanisme technico-social. Les enjeux de ce texte sont donc de rechercher l'équation qui fonde la formation du sujet entre les contenus individuels de la vie et ses contenus supra-individuels, ainsi que de rechercher les adaptations de la personnalité grâce auxquelles il s'accommode à des forces qui sont extérieures à lui.
[...] L'exactitude des rapports L'essence calculable de l'argent instaure une précision accrue que l'on retrouve dans la diffusion universelle des montres. Mieux : la technique de la vie dans la grande ville est impensable sans des relations d'échange ponctuelles et ordonnées de manière suprasubjective. Pour Simmel, il existe au plus profond de l'âme une influence extérieure de ces exigences sur la forme et le style de la vie. Elles colorent ses contenus et se traduisent par un rejet de l'irrationnel. D. Le caractère blasé des citadins C'est un phénomène spécifique d'adaptation propre aux habitants des métropoles. [...]
[...] Mais pour la grande ville, il est décisif que sa vie interne s'étende en vagues successives à un cercle large, national ou international. De même qu'un être humain n'est pas défini par les limites de son corps mais seulement par la somme des actions qui s'étendent à partir de lui dans le temps et dans l'espace, une ville consiste aussi dans la totalité des actions qui dépassent son immédiateté : son être s'exprime d'abord dans sa sphère d'action réelle au sein d'un groupe avec lequel elle coopère. [...]
[...] Il n'éprouve plus la valeur des choses elles-mêmes. Cette indifférence révèle ainsi l'imprégnation par l'économie monétaire du psychisme de l'individu qui exprime par des différences de quantité toutes les différences qualitatives. L'argent agit sur lui comme un niveleur et réalise une décoloration des choses E. La réserve de l'habitant des grandes villes Cette mesure d'autoconservation face à la grande ville explique aussi le caractère réservé du citadin : il a le droit de se méfier. On retrouve donc chez lui non seulement une indifférence mais également une légère aversion. [...]
[...] En permettant aux individus de s'extraire, loin du jugement d'autrui, elles mettent en place un anonymat qui laisse à l'individu le champ libre pour interagir. La vie microsociologique étant inséparable de l'environnement macrosociologique (comme la cellule est inséparable d'un corps humain), l'intellectuel n'a pas à accuser mais seulement à comprendre le rapport inédit qui se dessine dans l'individualisation accrue des échanges psychosociologiques au sein des grandes villes. [...]
[...] Si la petite ville est propice au renfermement sur soi, la grande ville invite à rechercher un élargissement des relations sociales en vue d'accroître la liberté de l'individu. C. Le sens de l'individualité La liberté individuelle n'est pas une simple liberté de mouvement, son élément essentiel est que le caractère particulier de toute nature puisse s'exprimer dans la conformation de la vie. Suivre les lois de sa nature propre, c'est la liberté qui s'exprime et donc se distingue de celle des autres, c'est seulement le fait de ne pas être interchangeable avec autrui qui prouve que notre manière de vivre n'est pas contrainte par autrui. [...]
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