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L'existentialisme est un humanisme est le texte d'une conférence donnée par Sartre le 29 octobre 1945 à Paris.
Dans L'Etre et le Néant, Sartre entend décrire l'être à partir du phénomène, de sa liberté constitutive, ce à quoi on lui oppose sa réputation d'anti-humaniste ? cf. "L'enfer c'est les autres" de Huis Clos, "L'homme est une passion inutile" dans L'Etre et le Néant. Dès lors comment expliquer son revirement de position ? S'agit-il d'une stratégie de philosophe ambitieux ? D'un souci proprement politique ? Ou d'une préoccupation éthique ?
L'existentialisme est un humanisme est une réplique de Sartre face aux deux principaux camps idéologiques de l'époque : les catholiques conservateurs qui s'insurgent contre l'athéisme de Sartre et ses déclinaisons et les marxistes qui le qualifient de philosophe conservateur intellectuel, petit bourgeois complaisant dans sa subjectivité. Face aux critiques des communistes, Sartre procède à une première mise au point sur l'existentialisme le 29 décembre 1944 dans la revue communiste Action. Puis Sartre décide d'organiser une conférence en public, laquelle ne doit pas être vue comme une préface ou un résumé à L'Etre et le Néant, la vulgarisation de Sartre n'ayant qu'un objectif de cohérence. Il réitère alors son engagement pour cette philosophie et par là pose une nouvelle éthique de l'intellectuel. Le but est de démontrer en quoi l'existentialisme est le seul humanisme véritable.
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Les marxistes reprochent à l'existentialisme un "quiétisme du désespoir" une passivité résignée, une contemplation de petit bourgeois ; quant aux catholiques, ils reprochent à Sartre de souligner exclusivement la part obscure et les incertitudes de l'existence humaine en ne pouvant fonder aucune morale. A cela, Sartre répond que le pessimisme prétendu de sa pensée n'est invoqué que pour masquer la peur que provoque l'existentialisme en plaçant l'homme devant sa liberté.
En effet, l'axiome premier de la pensée existentialiste est que "l'existence précède l'essence". L'homme existe, il surgit dans le monde mais n'est définit que plus tard (...)
[...] L'angoisse est en fait un sentiment de notre liberté et donc par là inséparable de toute action. Ensuite, s'inspirant de Heidegger, Sartre identifie la situation de l'homme moderne à celle de l'irrémédiable délaissement, qui signifie paradoxalement la perte de repères essentiels et la nécessité d'agir de façon responsable. Il part de la morale laïque des professeurs de la Troisième République pour insister sur la solitude de l'homme sans Dieu, sans valeurs et sans excuses. Reprenant la célèbre formule de Dostoïevski si Dieu n'existe pas tout serait permis il l'articule à ce qui deviendra une de ses plus célèbres formules : l'homme est condamné à être libre c'est-à-dire qu'il ne peut renoncer à sa liberté, il sera responsable de tout ses actes. [...]
[...] L'existentialisme de Sartre s'inscrit dans la philosophie de la subjectivité issue de Descartes. La subjectivité est conçue comme un projet, comme une manière de se jeter hors de soi dans un avenir : l 'homme sera d'abord ce qu'il a projeté d'être et rien ne préexiste à ce projet. Si l'homme est ce qu'il fait, il en ressort la pleine responsabilité de soi. Se choisir ainsi syndiqué chrétien ou communiste, marié ou célibataire, avec des enfants ou pas c'est choisir une idée de l'humanité. [...]
[...] Certain ont considéré, comme Francis Jeanson, que l'attitude de Sartre était à la fois orgueilleusement exigeante et lucidement modeste dans la mesure où il pose une définition de l'existence renvoyant à la liberté consciente de la responsabilité de l'homme et la reconnaissance que l'entreprise humaine de libération ne peut être qu'inachevé. La société d'aujourd'hui le confirme au travers de l'individualisme. Pour Alain Renaut, Sartre confond même humanisme et individualisme. [...]
[...] Sartre exclu les valeurs métaphysico-religieuses et la croyance au progrès qui impose une continuité. Il précise que certain choix sont de mauvaise foi, inventent un déterminisme sont inauthentiques. Sartre distingue le salaud qui cherche à justifier ses actes par une nécessité indue et le lâche qui se réfugie dans la mauvaise foi. Il pose la liberté comme morale : on ne peut porter un jugement moral qu'au nom de la liberté et les valeurs ne sont que le produit d'un acte libre de valorisation. [...]
[...] Le contexte L'existentialisme est un humanisme est le texte d'une conférence donnée par Sartre le 29 octobre 1945 à Paris. Dans L'Etre et le Néant, Sartre entend décrire l'être à partir du phénomène, de sa liberté constitutive, ce à quoi on lui oppose sa réputation d'anti-humaniste cf. L'enfer c'est les autres de Huis Clos, L'homme est une passion inutile dans L'Etre et le Néant. Dès lors comment expliquer son revirement de position ? S'agit-il d'une stratégie de philosophe ambitieux ? [...]
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