L'utilitarisme n'est pas une doctrine récente. Dans l'Antiquité, Socrate la défendait déjà. La question s'est toujours posée pour la morale et pour toute autre science de justifier les premiers principes – métaphysiques – qui la constituent. Quel est le premier principe de la morale ? La morale s'occupe des actions. Les actions sont accomplies en vue d'une fin. Les règles de la morale reçoivent donc leurs caractères de cette fin.
Objet du présent ouvrage
Il s'agit de prouver l'utilitarisme, autrement dit la « doctrine du bonheur ». Les questions morales sont relatives aux fins suprêmes. Or aucune preuve directe n'est possible pour de telles questions. En effet, prouver qu'une chose est bonne, c'est montrer qu'elle est conforme à une autre dont on admet sans preuve qu'elle est bonne. Ainsi, on ne prouve la bonté ni du plaisir ni de la santé. Malgré cela, il existe des preuves dans un sens plus large.
[...] Pour ce qui est des sanctions intérieures, il n'en existe qu'une, que l'utilitarisme reconnaît : un sentiment de peine qui suit la violation du devoir. Le sentiment du devoir, essence de la conscience morale Lié à l'idée pure du devoir, ce sentiment constitue l'essence de la conscience. Complexité du sentiment et de l'obligation morale Si la conscience personnelle contient l'idée pure du devoir, l'idée du bonheur commun (social) est inscrite dans la conscience commune. Ce sentiment joue comme sanction en faveur de l'utilitarisme aussi bien que des autres morales Celui qui ne posséderait pas ce sentiment ne serait capable de suivre aucune morale. [...]
[...] Pour l'utilitariste, la chose désirable comme fin est le bonheur Toutes les choses sont désirables comme moyen pour atteindre la même fin : le bonheur Ce qui est désirable, c'est ce qui est désiré (en fait) En effet, est désirable ce qui est effectivement désiré. (Parallèlement : est visible ce qu'on voit.) Tout le monde en fait désire le bonheur Tout le monde désire le bonheur : c'est un fait. Un fait est ce dont on doit se contenter comme preuve. On ne désire jamais en définitive que le bonheur Il est vrai, cependant, que beaucoup désirent aussi la vertu. L'utilitariste l'admet. [...]
[...] 4e objection : L'utilitarisme n'exclut-il pas le sacrifice de soi-même ? S'il a pour objet le bonheur d'autrui, le sacrifice a bien sûr une valeur morale. Les héros et les martyrs ont accompli d'importants actes moraux. Il s'agit d'accroître la somme de bonheur dans le monde. Dans l'état actuel de nos sociétés, se sacrifier aux autres relève de la plus haute vertu. Cependant, en soi, le sacrifice n'a pas de valeur morale. Dans une société parfaite, l'intérêt de l'individu serait mis en harmonie avec l'intérêt commun, si bien que le sacrifice ne serait plus nécessaire. [...]
[...] Le critérium de l'utilité est le seul qui puisse mettre fin aux controverses sur le droit et la justice Si le sentiment de justice était per se, on comprendrait mal pourquoi certaines choses sont tantôt justes, tantôt injustes Le droit de punir Tant que la justice est quelque chose de séparé, le droit de punir n'existe pas forcément. Il y a des cas limites où la justice est insuffisante. Nécessité de bien distinguer le juste et l'expédient Les conséquences sont importantes, mais ne représentent qu'un élément de la moralité. À côté, la qualité des plaisirs, le caractère de l'agent et l'éducation de soi-même comptent aussi. [...]
[...] Les intentions de l'agent sont en effet difficiles à connaître, tandis que les conséquences de l'acte sont tangibles et intelligibles. 7e objection : L'utilitarisme est-il une morale sans Dieu ? Pas forcément. Dans la mesure où Dieu désire le bonheur de toutes ses créatures, il s'intègre dans une morale utilitariste. 8e objection : L'utilitarisme est-il une doctrine de l'intérêt ? Oui, si l'intérêt est plus élevé qu'une fin momentanée 9e objection : Avons-nous le temps, avant d'agir, de calculer les effets de notre conduite sur le bonheur général ? [...]
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