Nancy FRASER, sociologue canadienne, nous présente un article intitulé : Repenser la sphère publique, extrait de Habermas and the public sphere, publié dans la revue Hermès.1992. 32pp.
Directement influencée par les théories d'Habermas, elle accorde l'idée générale de sphère publique comme indispensable à la théorie critique, mais remet néanmoins en cause les présupposés sur lesquels repose sa définition.
Pour elle, il existe donc quatre hypothèses défendues par Habermas qui permettent de montrer qu'il faut repenser son concept en le critiquant :
Pour le sociologue, l'égalité sociétale n'est pas une condition nécessaire à la démocratie. Il prône également une sphère unique globale, au contraire d'une multiplicité de publics. Il pense préférable de limiter dans l'arène publique le discours aux intérêts communs. Et enfin, il exige la séparation nette entre société civile et Etat.
Par ces propos Habermas se fait donc le modèle d'un concept d'espace public bourgeois et masculiniste, et contribue à la représentation hégémonique de la société et des pouvoirs de classe. Il occulte alors les autres formes d'espaces publics, les classes qui les composent et leurs opinions.
C'est ce que Nancy Fraser remet en question, en montrant l'existence de « contre publics » « subalternes ou reccurents », qui expriment tout à la fois, la déficience de ce modèle démocratique et de sa sphère publique, et d'autre part, de la théorie d'Habermas, critiquée pour sa seule référence au modèle bourgeois.
Notre rôle sera donc de définir et de référencer l'ensemble des contre publics subalternes que Nancy Fraser nous présente. Puis, dans un second temps, de montrer quel rôle essentiel ils jouent dans l'espace public démocratique.
[...] Ce qui a en partie pour but de limiter la participation des groupes dominants dans l'arène publique, et de diversifier les propos et les opinions qui s'y tiennent. Et dans un second temps, de reconsidérer les problèmes de société qui doivent surgir de l'arène publique et de permettre que ces problèmes soient entendus et pris en compte par tous. Ceci a donc pour conséquence une issue essentielle à notre propos. Le fait que par ces deux facteurs, les contre-publics subalternes vont pouvoir au même titre que les groupes sociaux dominants, constituer un non problème en problème. [...]
[...] Repenser la sphère publique : une contribution à la critique de la démocratie telle qu'elle existe réellement in Habermas and the public sphere, Nancy Fraser Nancy FRASER, sociologue canadienne, nous présente un article intitulé : Repenser la sphère publique, extrait de Habermas and the public sphere, publié dans la revue Hermès.1992. 32pp. Directement influencée par les théories d'Habermas, elle accorde l'idée générale de sphère publique comme indispensable à la théorie critique, mais remet néanmoins en cause les présupposés sur lesquels repose sa définition. [...]
[...] La séparation croissante entre l'Etat et la société civile qui apparaît dès le 16ème siècle va donner naissance à l'opinion publique qui selon Habermas, est le résultat éclairé de la réflexion publique effectuée entre hommes de raison à propos des fondements de l'ordre social On comprend donc que dès lors, seule une partie de la population à la chance de participer au débat public. Pour contrecarrer cette position, d'autres sphères de réflexion vont donc se mettre en place. La création d'une contre-société civile composée d'associations bénévoles alternatives ouvertes uniquement aux femmes, que nous décrit Mary Ryan en est l'illustration même. Limiter l'étude de l'espace public à une seule sphère, c'est donc la limiter à un seul groupe. Et c'est ce que Fraser remet en question. [...]
[...] Les hypothèses d'Habermas ont donc été successivement remises en cause et justifiées par Fraser qui montre l'intérêt de l'existence des contre publics subalternes actuels et les limites d'une théorie qui repose sur l'étude et l'idée que seule la bourgeoisie est capable de représenter l'opinion publique. Ainsi, il serait bon de reconsidérer la définition de la sphère publique dans les sociétés stratifiées, et de la considérée comme le propose Geoff ELLEY, comme un cadre structuré où se produit la contestation ou la négociation culturelle et idéologique entre une multitude de publics (p. 16). [...]
[...] Les femmes, les ouvriers, les gens de couleur et les homosexuels, sont les types mêmes de minorité qui agissent en marge de la bourgeoisie qui exerce sur elles des relations structurelles de domination et de subordination. Fraser dénonce donc un rapport asymétrique, de domination intériorisée par la société et montre qu'il existe des groupes en lutte contre cette domination. Nous les nommerons contre-publics subalternes. Le rôle des contre publics subalternes dans l'espace public démocratique Ainsi, les contre-publics subalternes sont avant tout présents dans l'espace public démocratique pour élaborer et pour diffuser des contre discours. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture