L'humanisme (l'humanitas de Cicéron) a été la création d'amitié par la télécommunication écrite des amoureux de la philosophie et des lettres. Elle écrit sur l'amour et l'amitié, et souhaite susciter cet amour. La pensée humaine est similaire à une longue correspondance, vieille de plusieurs milliers d'années, les uns se répondant aux autres. Mais les expéditeurs ne savent jamais quels seront leurs destinataires : les Grecs ne pouvaient pas prévoir que leur culture serait transmise à toute l'Europe à travers la réappropriation qu'en a faite l'Empire romain. Toutefois ces lettres lancées à la postérité ont évidemment besoin de destinataires qui se font alors interprètes. L'écriture est donc souvent une actio in distans, un appel dans le lointain. Au sein de cet humanisme se découvre donc un fantasme de communautarisme à l'échelle planétaire, qui réunirait tous les lettrés; fantasme d'autant plus présent autrefois, quand l'alphabétisation constituait un signe de distinction de l'élite. Au XIXème et XXème siècles l'humanisme s'est répandu à travers les lycées: "que sont les nations des temps modernes, si ce n'est des fictions efficaces d'opinions publiques lisant, qui deviendraient, par le biais des mêmes textes, une alliance d'amis partageant le même état d'esprit"?
[...] C'est une réponse au Français Jean Baufret, qui avait posé la question : comment redonner un sens au mot humanisme ? mais Heidegger avouait le constat d'échec : le mot d'humanisme avait perdu son sens, d'autant plus que l'on se rendait compte que le problème venait de l'homme lui-même. Heidegger dit que l'humanisme de ces deux derniers siècles s'est fourvoyé, qu'il a emprunté le mauvais chemin pour définir l'essence de l'homme, en disant que celui-ci était un animal rationale ; Heidegger renie cette notion d'animal : l'homme ne peut être défini selon une perspective zoologique ou biologique. [...]
[...] Si une faible différence existait entre les directeurs de ce zoo et ses habitants, les directeurs seraient élus ; si tel n'est pas le cas, une direction élue n'est pas recommandée, mais une direction basée sur la compréhension : l'homme politique devient alors un sophiste qui tente à tout prix de faire croire qu'il est semblable aux habitants du zoo, alors que le véritable éleveur, lui, chercherait plutôt à se montrer différent, puisque compétent à gérer ce parc. Pour préserver cet écart entre directeurs et troupeau, l'endogamie et la bâtardisation sont donc proscrites. Le véritable art politique devient dès lors le fait de prendre soin d'un troupeau de bipèdes, quand il est aussi volontairement exercé qu'accepté. (Le Politique) A la catégorie des directeurs incombe la nécessaire compétence de devoir être capable d'entremêler avec le plus d'efficacité possible les hommes qui auront ainsi une tâche tout en continuant cependant à accepter de se laisser guider. [...]
[...] Elle écrit sur l'amour et l'amitié, et souhaite susciter cet amour. La pensée humaine est similaire à une longue correspondance, vieille de plusieurs milliers d'années, les uns se répondant aux autres. Mais les expéditeurs ne savent jamais quels seront leurs destinataires : les Grecs ne pouvaient pas prévoir que leur culture serait transmise à toute l'Europe à travers la réappropriation qu'en a faite l'Empire romain. Toutefois ces lettres lancées à la postérité ont évidemment besoin de destinataires qui se font alors interprètes. [...]
[...] Cependant, pour Platon, il est presque nécessaire d'élever une élite, pour le bien de la globalité ; de créer des sages, les hommes les plus à même de ressembler au divin qui s'est retiré de la garde des hommes. [...]
[...] Mais cette vision est erronée : comment pourrait-on voir ici un plan concerté alors qu'il s'agit plutôt d'un élevage sans éleveurs, une dérive bioculturelle sans sujet ? On ne peut pas nier que l'élevage ne s'est pas fait que par les lettres, car la lecture est à la base une sélection, une création d'élite, des alphabétisés. Ce fossé est resté malgré l'alphabétisation générale de nos sociétés modernes. Il y a donc une scission de la société en deux catégories : ceux qui élèvent, et ceux qui sont élevés. [...]
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