Dans « Les étapes de la pensée sociologique » parues en 1967, Raymond Aron, sociologue et philosophe né en 1905 et mort en 1983, revient sur les grands auteurs ayant marqué les sciences sociales pour en définir leur pensée profonde. L'article qui nous intéresse ici est une analyse des écrits fondamentaux de Marx. Ce travail s'avère délicat dans la mesure ou le contexte général dans lequel écrit l'auteur est marqué par une forte adhésion au communisme en France et donc à une certaine vision du monde guidée dans de nombreux cas par la reprise des idées de Marx et leur adaptation à une époque différente de celle à laquelle l'auteur Allemand a vécu. Nous reviendrons bien évidemment sur le contexte spécifique dans lequel s'inscrit l'analyse d'Aron pour saisir toute la complexité du conflit qui l'oppose à de nombreux autres auteurs.
[...] Les intellectuels étaient alors sommés de prendre parti dans le conflit et, particulièrement, de définir leur position face au communisme et à l'URSS. Le grand débat de l'époque oppose alors JP Sartre à Raymond Aron, le premier critiquant les tenants du capitalisme et le second, libéral, marqué par sa formation intellectuelle dans les universités allemandes entre 1930 et 1933. C'est dans ce contexte qu'Aron critique les différentes interprétations des écrits de Marx, qu'il qualifie dans son article de dogmatiques : de la lecture existentialiste du marxisme de JPS au marxisme d'Althusser qu'il juge également éloigné de l'œuvre de Marx elle-même. [...]
[...] Nous nous appuierons pour cela sur l'analyse des différents courants de la sociologie contemporaine réalisée par Pierre Ansart dans Les sociologies contemporaines. L'auteur revient ici sur les rapports entre marxisme et science sociales et explicite le débat bien connu entre les intellectuels Français après 1945. Jusqu'en 1940, l'œuvre de Marx était peu étudiée en France, et généralement réduite à ses dimensions politiques. Après 1945, au contraire, elle a fait l'objet, dans un contexte particulier, de nombreuses recherches et de débats sur la validité du paradigme marxiste pour l'analyse scientifique des sociétés modernes et de leurs transformations (in P.Ansart, Les sociologies contemporaines, l'objet de la sociologie, p32). [...]
[...] Raymond Aron : Les étapes de la pensée sociologique, Paris : Gallimard Dans Les étapes de la pensée sociologique parues en 1967, Raymond Aron, sociologue et philosophe né en 1905 et mort en 1983, revient sur les grands auteurs ayant marqué les sciences sociales pour en définir leur pensée profonde. L'article qui nous intéresse ici est une analyse des écrits fondamentaux de Marx. Ce travail s'avère délicat dans la mesure où le contexte général dans lequel écrit l'auteur est marqué par une forte adhésion au communisme en France et donc à une certaine vision du monde guidée dans de nombreux cas par la reprise des idées de Marx et leur adaptation à une époque différente de celle à laquelle l'auteur Allemand a vécu. [...]
[...] La révolution devient alors inévitable, nécessité historique et la Révolution française est un bon exemple de ce type de dissensions insupportables entre deux classes aboutissant à un changement profond de cadre sociétal. Poursuivant cette idée de développement historique des révolutions, Marx distingue alors quatre modes de production (asiatique, antique, féodal et bourgeois) aboutissant dans tous les cas à une forme d'asservissement de l'Homme par l'Homme, à des degrés divers. Seul le développement du socialisme permettrait le dépassement de ce type de servitudes. Voila selon Aron les idées directrices de l'interprétation économique de l'histoire selon Marx. [...]
[...] Aron ne cherche pas alors à interpréter la pensée de Marx mais bien à la décrire pour la désenclaver d'un débat contextuel lié à l'après seconde guerre mondiale. Pour expliquer ce phénomène et les discussions nombreuses autour de Marx et du marxisme, Aron souligne dans son article le caractère équivoque des écrits de Marx et a pour ambition de montrer qu'en définitive, le génie de l'auteur Allemand fut peut être son adaptabilité, c'est-à-dire la capacité à voir ses écrits simplifiés ou analysés indéfiniment. [...]
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