Race et Histoire - Claude Lévi-Strauss (1952) - publié le 06/03/2021

Thèmes abordés

Race et Histoire, Claude Lévi-Strauss, diversité culturelle, humanité, ethnocentrisme, évolutionnisme social, cultures archaïques, cultures primitives, préhistoire, civilisation occidentale, innovations technologiques, développement historique

Résumé du document

L'originalité tirée par les apports culturels des différentes races tient à des circonstances géographiques, historiques et sociologiques, et non raciales. Ainsi, la diversité culturelle de l'humanité n'est en aucune façon liée à sa diversité biologique. Elle s'en distingue par deux aspects :
- dans l'ordre de grandeur : il y a bien plus de cultures que de races ;
- la diversité des cultures soulève beaucoup plus de questions scientifiques que celle des races.
Se pencher sur la diversité des cultures humaines, c'est aussi couper l'herbe sous le pied au retour du préjugé raciste, qui serait cette fois-ci adressé à des cultures, et non plus à des races.

Extraits

[...] À ce risque, il n'existe selon l'auteur que deux remèdes : – Le capitalisme : provoquer des écarts différentiels, notamment en introduisant une hiérarchie des groupes sociaux (avec une division sociale des rôles) ; – Le colonialisme : introduire de nouveaux partenaires externes, choisis pour leur différence. Mais ces deux remèdes ne sont pas éternels, et la participation de ces groupes à la coalition réduit nécessairement la différence originelle qu'il existait entre eux, posant à nouveau le même paradoxe. D'où la nécessité, selon l'auteur, de maintenir la diversité humaine, sans chercher à figer les cultures dans un développement historique précis. [...]

[...] Il ne faut toutefois pas oublier les processus de diversification internes (groupes sociaux). Enfin, la diversité des cultures humaines « est moins fonction de l'isolement des groupes que des relations qui les unissent » (p. 17). L'ethnocentrisme « L'attitude la plus ancienne [ ] consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles [ ] qui sont les plus éloignées » (p. 19). L'emploi, par exemple, de termes tels que « barbare » ou « sauvage » montre que l'on refuse d'admettre la diversité culturelle, reléguant à la nature ce qui nous semble étranger. [...]

[...] Histoire stationnaire et histoire cumulative. Dans une perspective ethnocentriste, on considère généralement qu'une culture dont le développement est analogue au nôtre, et donc doté pour nous de signification, est une culture cumulative, tandis que toutes les autres sont des cultures stationnaires. « L'événementialité d'une culture ou d'un processus culturel est ainsi fonction [ ] de la situation où nous nous trouvons par rapport à eux » (p. 43). Ainsi, la façon dont deux cultures vont se juger entre elles va d'abord dépendre de leur degré de compréhension mutuelle. [...]

[...] Cet évolutionnisme social est fallacieux dans la mesure où il sous-entend que les formes culturelles s'engendreraient de la même manière que des espèces vivantes. Cultures archaïques et cultures primitives L'auteur dénonce ici une tentation, qui est celle de chercher à trouver, dans les sociétés contemporaines, certaines qui correspondraient à des étapes du développement de la nôtre (exemple : comparer les sociétés indigènes d'Australie ou de Papouasie à l'âge de pierre européen). Cette logique est fallacieuse dans la mesure où elle consiste à « prendre la partie [ce que l'on connaît des sociétés passées] pour le tout [ce que l'on constate des sociétés contemporaines] » (p. [...]

[...] On remarque, d'ailleurs, que l'occidentalisation « résulte moins d'une décision libre que d'une absence de choix » (p. soit parce qu'elle est imposée par la force, soit parce que les sociétés « dominées » vont chercher à la combattre sur le même terrain. Quant à la supériorité technologique de la civilisation occidentale, elle répond en réalité à un besoin formulé par toutes les sociétés depuis les temps les plus reculés : « protéger et [ ] prolonger la vie humaine » (p. 55). En ce sens, nous devons énormément aux sociétés qui nous ont précédés, et plus particulièrement à la révolution néolithique, par rapport à laquelle nous n'avons « apporté que des perfectionnements » (p. [...]