Robert Dahl cherche une vérification empirique à sa théorie sur le pouvoir. Héritier de Montesquieu et des fédéralistes il veut rendre à la démocratie américaine sa légitimité en mettant en lumière sa permanence et son intégrité et en s'opposant aux théories marxistes (la propriété des moyens de production confère le pouvoir) et élitistes (il existe une élite homogène qui prive le peuple du pouvoir). Pour cela, il étudie l'organisation et le fonctionnement politique de la ville de New Haven car, comme elle existait déjà à l'Indépendance et qu'elle connaît le bipartisme depuis plus d'un siècle, sa situation est semblable à celle du pays entier. Sa méthode privilégie l'utilisation des statistiques mais il intègre souvent des données sociologiques, historiques, économiques
[...] L'argent est également une ressource politique. Si les pressions financières et la corruption sont marginales, le financement des campagnes électorales est fondamental : c'est essentiellement par ce biais que les citoyens fortunés peuvent avoir un surcroît d'influence par rapport aux autres, moins riches. Ceux-ci peuvent respecter, quand ils sont à des postes officiels, la légalité, ce qui constitue une ressource politique. La popularité, qui consiste en l'identification à un leader par les électeurs, est leur ressource principale car elle fait gagner les élections. [...]
[...] Ils cumulent, en effet, fortune, position sociale, instruction et postes officiels. Leur domination est renforcée par la fait que New Haven est alors une théocratie congrégationniste dans laquelle les patriciens profitent du soutien indispensable de la religion, ce qui leur permet de faire pression sur les votants. Toutefois, peu à peu, les Républicains, avec Jefferson sur le plan national, s'opposent à cette domination : aidés par le développement du vote secret, par la croissance démographique qui renforce les classes populaires et par la mobilisation des partis, ils mettent fin au règne patricien. [...]
[...] Toutefois, il est en permanence sous le contrôle indirect du peuple car il n'a pas intérêt à prendre des décisions trop impopulaires. Surtout, les élections constituent le moment où le peuple sanctionne ses dirigeants. Ce mode de fonctionnement est, pour Dahl, le plus proche de l'idéal démocratique. Avec cette relation leaders/peuple, l'analyse des ressources politiques et de leur inégale utilisation constitue la clé de compréhension de l'influence sur le processus de décision. III. Fondamentales dans le processus de prise de décision, les ressources politiques sont variées et inégalement utilices 1. Des ressources variées Il tout d'abord, le statut social. [...]
[...] Cette mainmise d'une minorité ayant été écartée, Robert Dahl montre, d'une part, que les classes ouvrières participent peu à la vie politique car elles ont peu confiance en elles- mêmes et, d'autre part, que les classes moyennes sont celles qui y participent le plus car elles en attendent des avantages (postes officiels, statut social Dahl distingue une catégorie de citoyens, les professionnels de la politique qui utilisent leurs ressources autant qu'ils peuvent et essaient d'en amasser le plus possible et ont donc une influence directe sur les prises de décisions. Ce sont donc des leaders. Ils peuvent bénéficier d'une ressource supplémentaire qui est le savoir-faire politique. [...]
[...] Le contrôle du peuple peut également se faire de manière plus subtile. Ainsi, Robert Dahl analyse la prise de décision dans les trois domaines déjà cités : la désignation des candidats, la rénovation urbaine et l'enseignement public. Au premier abord, on peut croire que les leaders sont réellement souverains et que les rituels démocratiques attachés à la prise de décision ( élection des candidats dans les partis, comités consultatifs pour la rénovation urbaine et l'école) ne sont qu'un vernis En réalité, l'influence indirecte du peuple est présente dans toutes les décisions. [...]
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