Le devoir est généralement défini comme la règle d'action à laquelle nous sommes obligés d'obéir. La loi notamment constitue à nos yeux la source de nos devoirs : payer ses impôts, assister aux personnes en danger ou respecter le code de la route en sont des exemples. Pourtant, le devoir semble aussi relever de la morale, car il guide les citoyens dans leur comportement en société : c'est ce que montre l'inscription sur nos cartes d'électeurs « Voter, c'est un droit, c'est aussi un devoir civique ». La langue germanique introduit pour sa part une fine distinction entre les verbes müssen et sollen : si nous ne pouvons échapper à l'obligation que donne ce premier, le second insiste davantage sur la valeur morale qu'il porte.
Nous sommes ainsi amenés à nous poser la question : le devoir est-il fondé sur des critères juridiques ou sur des critères moraux ?
[...] Mais on pourrait tout aussi bien inverser la définition, car le devoir juridique comme tel n'implique qu'une nécessité externe, à laquelle peut manquer la disposition d'esprit, ce qui signifie que, tout en accomplissant ce devoir, je puis même avoir une intention méchante. Au contraire, une disposition d'esprit n'est morale que si elle implique tout ensemble, pour le contenu, une conduite conforme au droit, et, quant à la forme, l'élément subjectif de la disposition d'esprit. Le droit laisse, absolument parlant, toute latitude à la disposition d'esprit. La moralité, en revanche, concerne essentiellement la disposition d'esprit et exige qu'on se conduise par respect du devoir. Hegel, Propédeutique philosophique, 1809-1811, 32 et 33, Ed. [...]
[...] 13-14), il signifie qu'elle la régule. Cela n'est possible qu'avec le respect du devoir (l. 15). Ce respect exige une adéquation entre la conduite conforme au droit et la disposition d'esprit, elle seule capable de différencier le bien du mauvais. Dès lors, Hegel a démontré sa thèse figurant au début du texte : le devoir existe grâce à la prise en compte des principes moraux (l. 1-2). Nous noterons par ailleurs l'opposition fondamentale qui domine la moralité hégélienne : celle de la moralité subjective (Moralität) et de la moralité objective (Sittlichkeit). [...]
[...] Le devoir semble donc fondé sur la primauté du critère moral, seul capable de convoquer la disposition d'esprit du sujet. Le droit constitue le référentiel de cette disposition d'esprit. Toutefois, il convient d'étudier les conséquences de cette démonstration et d'éclaircir la notion de moralité par comparaison à la philosophie de Kant. Dans la dernière partie du texte, Hegel poursuit sa démonstration en insistant sur la notion de droit : celui-ci laisse ( ) toute latitude à la disposition d'esprit (l. 13). [...]
[...] A celle-ci peut manquer la disposition d'esprit (Gesinnung l. c'est-à-dire la faculté du sujet à agir au regard des règles acquises dans la société qui a éduqué son esprit. C'est à partir de cette somme de principes que l'individu est disposé à agir, et cela par habitude. Dès lors, n'agir qu'en vertu de la loi ne suppose pas forcément que l'action de l'individu est bonne ou mauvaise : seule la capacité du sujet à raisonner en fonction des mœurs de sa société lui permet d'en juger. [...]
[...] Il débute son éclaircissement en distinguant deux types de devoirs. Tout d'abord, il se penche sur le devoir juridique et en souligne les limites. Puis il analyse le devoir moral et met en lumière sa prééminence. Enfin, il s'attarde sur les conséquences de son explication et développe la notion de moralité. Pour Hegel, la philosophie n'a pas pour but de définir un idéal de perfection inaccessible, mais de comprendre le réel en le reconstruisant dialectiquement et d'en reconnaître la rationalité. [...]
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