Le Principe de responsabilité. Une éthique pour la civilisation scientifique - Hans Jonas (1979)

Thèmes abordés

Principe de responsabilité, éthique, civilisation scientifique, Hans Jonas, conception kantienne, Kant, individus, droit, origines les Lumières, devoir, humanité, liberté, obligations morales, moeurs

Résumé du document

Dans le premier paragraphe, il est question d'un commandement : c'est un commandement qui oblige à assurer l'existence présente et future de l'Homme, c'est-à-dire de quelque chose qui n'existe pas encore, et une bonne existence ("vivent bien"). Ce premier commandement est contenu dans tous les autres : toutes les autres obligations morales supposent ce premier commandement (présenté comme premier, au sens où il est fondamental). On pourrait le considérer comme secondaire ; or Jonas lui accorde une place première. Cependant, ce commandement n'a pas de fondement (ce qui justifie, désigne une justification, qui n'a pas le même sens que l'origine est la source, sens historique et temporel, ex les droits de l'homme ont pour origines les Lumières, leur fondement est tout autre : c'est une idée de la nature humaine, on dit la liberté caractérise l'homme, par conséquent la liberté est le premier des droits).

Extraits

[...] Autre conséquence : Pour Kant le champ d'action du droit doit être limité, c'est-à-dire qu'on ne peut pas par exemple par l'intermédiaire du droit prétendre vouloir imposer une manière de penser, le droit doit respecter la sphère privée, il ne s'occupe que de ce qui concerne la coexistence des individus. Le droit ne doit pas prétendre réglementer la conscience des individus les façons de penser et les manières qui ne concerneraient qu'eux. Kant s'oppose donc à certaines conceptions de la morale, il s'oppose à ce qu'on pourrait appeler le paternalisme politique qui voudrait régir la totalité de l'existence des individus. [...]

[...] La liberté est-elle le seul fondement de nos obligations sociales ou juridiques ? Jonas s'oppose à une éthique qui fait de la liberté le seul fondement de nos obligations sociales ou juridiques. Remarque : quand on dit que la liberté ou l'autonomie fondent nos obligations éthiques, morales, cela veut dire que nos obligations doivent se définir par le respect de la liberté des individus. Cela ne veut pas dire que chacun peut suivre et inventer la morale qu'il veut. Remarque : que signifie la conception kantienne de la morale fondée sur l'autonomie ? [...]

[...] Le principe est de savoir si on doit redéfinir nos devoirs par rapport à notre pouvoir. L'un des enjeux est de savoir si nous avons des devoirs non seulement envers les autres, mais également envers la nature, et envers les générations futures. Remarque : il ne va pas de soi que nous avons des devoirs envers la nature et les générations futures, en effet nous avons plutôt tendance à penser que nous avons des devoirs envers des êtres qui ne sont pas des choses et donc envers des êtres qui sont des sujets de droit, parler de devoir envers la nature et les générations futures est considéré comme avoir des devoirs envers des êtres qui n'ont pas de droit. [...]

[...] Une éthique pour la civilisation scientifique - Hans Jonas (1979) I. Le commandement qui oblige à assurer l'existence présente et future de l'Homme Dans le premier paragraphe, il est question d'un commandement : c'est un commandement qui oblige à assurer l'existence présente et future de l'Homme, c'est-à-dire de quelque chose qui n'existe pas encore, et une bonne existence (« vivent bien »). Ce premier commandement est contenu dans tous les autres : toutes les autres obligations morales supposent ce premier commandement (présenté comme premier, au sens où il est fondamental). [...]

[...] Il faut distinguer selon lui la morale et les mœurs (habitudes d'une société). Les exigences morales se réduisent-elles aux bonnes mœurs ? Kant répond non à cette question. Pour lui, il ne faut pas confondre les exigences morales avec les règles de bonne conduite communément admise dans la société qui est la nôtre. Les exigences morales peuvent d'ailleurs permettre d'éventuellement contester ces règles soi-disant de bonnes conduites. Pour Kant, les obligations morales ne doivent pas être confondues avec une série de règles culturelles qu'il faudrait impliquées mécaniquement. [...]