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Avant même toute étude sur la politique ou le droit, il est nécessaire de se pencher sur la question de l'homme qui y est liée : existe-t-il une nature humaine qui prédisposerait l'homme à adopter tel ou tel système politique ou lois ? Question difficile, mais à laquelle Rousseau tente de répondre en affirmant que la nature humaine change, et ce malgré l'égalité primitive qui existait entre les êtres humains. Rousseau a de fait été influencé par Buffon pour qui il existait originairement un seul groupe humain qui, au gré des migrations, changements climatiques et modes de vie, s'était profondément diversifié. La nature humaine change donc au gré des différents cadres de vie et personnes avec lesquelles les hommes passent leur vie : peut-être n'y aurait-il donc, tout simplement, aucune nature humaine ? Quand bien même l'affirmation de Buffon reste une hypothèse, la question n'est pas de savoir si un état de nature a bel et bien existé, mais de le supposer pour comprendre l'homme actuel - si l'on ne mène pas ces hypothèses, il nous sera impossible de définir le droit naturel sachant que celui-ci reste lié à la nature de l'homme et à un hypothétique état de nature. Pour connaître les lois naturelles, il faut supposer un homme dans l'état de nature, avant l'avènement de la société afin d'appréhender sa situation vis-à-vis du monde extérieur et des lois qui le régissent. Malgré la recherche, Rousseau soutiendra que l'inégalité civile (issue d'une organisation sociale) ne découle pas d'une inégalité naturelle : en ce que les inégalités civiles ne découlent que de ce que les hommes ont décidé entre eux, elles ne peuvent provenir des différences initiales de nature entre les hommes. Les inégalités civiles sont donc issues de la société, pas d'un état de nature où les hommes étaient primitivement égaux. Ce ne seraient donc pas les différences sexuelles entre les hommes et les femmes qui expliqueraient les inégalités civiles entre les genres. Pour autant, on peut lui objecter certains faits patents, à savoir les inégalités civiles entre les hommes et les femmes (droits) qui ont pu découler, supposons-le, de l'inégalité naturelle qui existait entre eux : la femme enfante et est moins forte physiquement. Elle est historiquement longtemps restée cantonnée à l'espace privé (maison) tandis que l'homme s'occupait de l'espace public (politique, entourage) ; dès lors, à partir d'une inégalité naturelle (l'accouchement, son rôle de mère), la femme a pu être cantonnée à l'espace privé, la dispensant de droits tel que le droit de vote (...)
[...] Est-il souhaitable de lutter contre ou les inégalités sont à préserver ? Il est intéressant de noter que Rousseau, dans sa lettre à la république de Genève précédant le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, ne plaide pas pour une égalité pure et simple, mais pour une égalité naturelle combinée à une inégalité civile Ayant eu le bonheur de naître parmi vous, comment pourrais-je méditer sur l'égalité que la nature a mise entre les hommes et sur l'inégalité qu'ils ont instituée, sans penser à la profonde sagesse avec laquelle l'une et l'autre, heureusement combinées dans cet État, concourent de la manière la plus approchante de la loi naturelle et la plus favorable à la société, au maintien de l'ordre public et au bonheur des particuliers ? [...]
[...] De la contrainte naît la liberté, une ambivalence et une opposition restent donc éminemment nécessaires, qui doivent, elles aussi, être règlementées par des lois : l'opposition ne doit pas se faire dans le sang et la violence, mais dans le droit d'accusation et de débat. C'est, quelque peu, l'institutionnalisation de la méchanceté des hommes qui, au lieu de déboucher sur de la violence, est canalisée dans le droit et les institutions afin de maintenir la sécurité et l'État d'une république libre. Les inégalités naturelles et civiles. La question des inégalités en société est centrale : avant même de s'y attaquer, d'où proviennent-elles ? Sont-elles justifiées, contingentes ou voulues arbitrairement ? Quelles peuvent être les conséquences des inégalités ? [...]
[...] Cette vision de la politique guidée par la raison va totalement à l'encontre de l'opinion de Spinoza. Les passions dont sont tourmentées les hommes dépendent de la nature humaine, de laquelle doit découler le droit positif. "J'ai également montré que, si la raison peut beaucoup pour réprimer et modérer les passions, la voie qu'elle montre à l'homme est des plus ardues, en sorte que, s'imaginer qu'on amènera la multitude ou ceux qui sont engagés dans les luttes de la vie publique à régler leur conduite sur les seuls préceptes de la raison, c'est rêver l'âge d'or et se payer des chimères" (P.113). [...]
[...] Ce ne seraient donc pas les différences sexuelles entre les hommes et les femmes qui expliqueraient les inégalités civiles entre les genres. Pour autant, on peut lui objecter certains faits patents, à savoir les inégalités civiles entre les hommes et les femmes (droits) qui ont pu découler, supposons-le, de l'inégalité naturelle qui existait entre eux : la femme enfante et est moins forte physiquement. Elle est historiquement longtemps restée cantonnée à l'espace privé (maison) tandis que l'homme s'occupait de l'espace public (politique, entourage) ; dès lors, à partir d'une inégalité naturelle (l'accouchement, son rôle de mère), la femme a pu être cantonnée à l'espace privé, la dispensant de droits tel que le droit de vote. [...]
[...] La politique, les lois, les animaux. Il semble à première vue absurde de se poser la question des relations entre la politique, les lois et les animaux en ce que l'homme n'a jamais été témoin d'un gouvernement institué par des animaux. Pour autant, il serait faux de dire la même chose d'une organisation sociale : en effet, de nombreux animaux, tous très différents, ont des organisations sociales distinctes et qui, à l'image de l'homme, régissent quelque peu leur existence. Ces organisations émanent-elles d'une liberté, d'un choix délibéré ? [...]
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