« Est-il moralement acceptable de transmettre aux générations futures des déchets nucléaires ou une biodiversité réduite à une peau de chagrin ? Les personnes futures sauraient-elles être titulaires de droits alors qu'elles n'existent pas ? » Axel Gosseries entame son ouvrage avec de telles interrogations liées au thème de la justice intergénérationnelle. Il paraît difficile de répondre à de telles questions grâce à nos théories normatives et c'est pour cette raison que l'auteur tente, dans cet ouvrage, de développer un « solide arrière-fond théorique issu de la philosophie morale et politique ». Ici, la philosophie se mêle à l'économie, le droit, les sciences pour nous éclaircir quant à la théorie de la justice entre les générations.
Dans une première partie, Axel Gosseries développe les concepts fondamentaux des théories morales en traitant notamment trois problématiques : comment défendre l'idée d'une obligation envers des générations futures qui n'existent pas encore ? Quelle place accordée aux défunts ? Dans la mesure où nous sommes responsables que de nos propres actes, l'idée même de justice entre générations (ensemble d'individus) n'est-elle pas condamnée ?
Dans une deuxième partie, l'auteur définit le contenu d'une théorie de la justice intergénérationnelle. Il est amené à montrer que la théorie de la réciprocité indirecte n'est pas la seule. Il accorde notamment une place importante à la théorie libérale égalitaire. Enfin, dans une troisième partie, Axel Gosseries applique ces réflexions philosophiques à deux dossiers brûlants : la sauvegarde de la biodiversité et la réforme des retraites.
À travers ce livre, l'auteur cherche à montrer qu'une théorie de la justice intergénérationnelle peut être à la fois « métaéthiquement plausible, théoriquement solide et pertinente pour la pratique ». Mais il ne prétend pas défendre à tout prix la justice entre les générations. Il montre tant ce que la justice exige à l'égard des générations futures que ce que nous ne sommes pas capables aujourd'hui de justifier en leur nom.
[...] Beaucoup d'entre nous conçoivent les devoirs envers les morts comme des obligations morales les plus fermes. Pourtant, si une obligation morale n'a de sens que si sa violation est susceptible d'engendrer un dommage, si l'on considère en outre que l'on ne peut subir un dommage que si l'on existe et enfin, si l'on part du postulat que les morts n'existent pas, alors nous ne saurions être titulaires d'obligations morales envers les morts. Axel Gosseries adopte alors trois stratégies pour tenter d'éclaircir cette idée d'une justice envers les défunts. [...]
[...] Le diagnostic fournit par le médecin –négatif- est erroné et Nicolas né atteint du syndrome de Gregg. Selon l'auteur la situation de Lionel ne constitue pas un dommage dans la mesure où l'erreur médicale est une condition nécessaire à l'existence de cet enfant. Une personne ne peut pas prétendre avoir subi un dommage si son état actuel est lié de façon nécessaire à son existence. Par contre, le handicap de Nicolas constitue un dommage qui n'a pas été causé par la faute du médecin, mais résulte d'un événement naturel. [...]
[...] C'est-à-dire que la pension moyenne d'un futur retraité n'est pas déterminée comme une proportion du salaire moyen de l'actif actuel, mais comme une proportion du salaire moyen des futurs actifs. Mais Axel Gosseries reconnaît une limite à cette règle : elle ignore la distinction entre choix et circonstances générationnels. IV. Conclusion Axel Gosseries s'accorde avec Rawls lorsque ce dernier dit que la justice entre les générations soumet les théories éthiques à des épreuves très difficiles, pour ne pas dire impossibles à surmonter. [...]
[...] - Défendre ensuite la phase de croisière. Contrairement à Rawls qui opte pour un principe semi-fermé qui n'interdit pas l'épargne nette, l'auteur penche pour un principe fermé : ni désépargne, ni épargne. Ici, la priorité accordée aux plus défavorisés (maximin) nécessite une interdiction de l'épargne. En effet, il serait injuste de transmettre plus que nous n'avons reçu à la génération suivante au détriment des plus défavorisés de la génération actuelle. Il faut au plan intragénérationnelle, une redistribution respectant l'exigence du maximin. [...]
[...] Ainsi, ceux qui pensent avoir des obligations envers les morts doivent non seulement accepter une doctrine immortaliste mais en plus doivent considérer que nos actions sont capables d'affecter le sort des morts. Mais dans le cadre d'une théorie de la justice envers les morts, nous devons faire face à deux difficultés. Tout d'abord si nous estimons que nos actions peuvent affecter les morts, il faut que l'on prenne en compte leurs préférences. Or comment connaître les préférences des morts ? Ce problème peut être réglé en considérant qu'il serait possible de demander à chaque personne, de son vivant, de formuler ses vœux pour le futur. [...]
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