Paul Veyne – "Comment on écrit l'Histoire"

Résumé du document

L'Histoire se caractérise par un certain mode de connaissance fondé sur l'événement (fait comme individualité), par opposition aux lois (phénomènes répétables). « L'Histoire est un récit d'événements». Elle est au delà de tous les documents, et de toutes perspectives individuelles : c'est une reconstruction, une synthèse. « Il n'est d'histoire que des variations ». L'histoire parle des différences, pas des lois. Les événements existent par rapport à une conception de l'homme éternel. Ils sont ce qui diffèrent par rapport à notre perspective (Il est frappant pour nous que les Romains parlent de ciel serein au lieu de ciel bleu, par exemple, ce qui justifie que l'on s'intéresse à cela). Ils sont racontés pour eux-mêmes: en effet, l'histoire ne se répète pas. Il n'y a pas de différence entre l'histoire de la nature et l'histoire de l'homme : même si l'histoire humaine n'est pas scientifiquement explicable, et ne crée pas de loi, elle s'occupe de faits. L'histoire est un récit d'événements vrais, ce qui dispense le récit d'être intéressant. La seule méthode en Histoire est la critique des sources (savoir si elles sont fiables, vraies, etc). Son seul intérêt est de « voir les affaires humaines dans leur diversité et leur naturel, sans y chercher quelque autre intérêt ou quelque beauté ».

Extraits

[...] Cela serait l'équivalent d'une théorie historique. Cependant, une théorie n'est qu'un résumé d'intrigue. Il n'y a pas de typologie possible, car trop de différence. Ainsi, typologie, type et concepts sont une seule et même chose: des résumés d'intrigue tout prêts Cela équivaut à une Histoire comparée qui est une heuristique: est un recours à l'analogie pour suppléer aux lacunes des sources; une méthode pour trouver des idées une manière d'écrire une histoire des items Cependant, l'Histoire comparée n'aboutit qu'à de l'histoire. [...]

[...] Le nominalisme a trois conséquences: toute Histoire est histoire comparée; tout fait est entouré de non- événement implicite; l'Histoire ressemble à la critique littéraire. Chapitre IV: Par une pure curiosité pour le spécifique Quel est l'intérêt, la spécificité de l'Histoire? Selon Weber, l'Histoire serait rapport aux valeurs. On attribue plus de valeur à certains événements. Certains d'entre eux n'auraient pas d'intérêt en soi, mais comme source. Cependant, ce sont les rôles, pas l'Homme ou l'objet en lui- même qui sont digne d'intérêt. On s'intéresse au roi, pas à l'amant. [...]

[...] Il n'y a donc pas de révolution pour l'homme dû à l'historicisme. Il y a une instabilité de l'homme. Il n'y a pas de révolution, notre image de l'homme est juste plus riche, et l'on apprend que les choses sont contingentes. Pourquoi s'intéresse-t-on à son passé? Par intérêt identitaire ou par curiosité. L'Histoire est une activité culturelle. La genèse de l'Histoire est un faux problème: celle-ci est contingente. Deuxième partie: La compréhension Chapitre VI: Comprendre l'intrigue L'Histoire est aussi explication, mais ce n'est qu'une manière d'organiser le récit en une intrigue compréhensible. [...]

[...] Weber assimile sélection à valorisation. Cela revient à renoncer à la vérité. En pratique, Weber revient au conformisme. L'Histoire raconte ce qui a eu lieu car cela a eu lieu. Elle ignore exemples et valeurs. Elle a deux archétypes: ce qui est digne de vivre dans notre mémoire; ce qui diffère. Il y a donc une similitude avec le roman. L'Histoire s'intéresse à des événements individuels toujours singuliers, mais ce qui l'intéresse, c'est la généralité/spécificité que l'on peut trouver en eux. [...]

[...] La finalité de l'Histoire est la curiosité. Elle a deux principes désintéressés: l'Histoire est connaissance désintéressée tout événement est digne de l'Histoire Appendice: l'Histoire axiologique On distingue entre l'Histoire et l'Histoire axiologiques (Histoire de l'art . Cette dernière, conçoit des objets pour eux même émet des jugements. On distingue pareillement entre évaluations, Histoire axiologique, et Histoire pure. L'Histoire pure peut traiter des valeurs, mais au discours indirect. L'Histoire axiologique est l'histoire des oeuvres qui ont mérité de demeurer. Elle est fondée sur des évaluations, mais autre chose que des évaluations. [...]