L'année 1995 marqua les deux-cent ans de l'ouvrage Projet de paix perpétuelle d'Emmanuel Kant. A cette occasion, le philosophe allemand Jürgen Habermas rédigea un court essai consacré à l'étude de l'actualité de cet ouvrage dans le monde contemporain. Affilié à l'école de Francfort, disciple d'Adorno, Habermas est l'un des philosophes allemands contemporains les plus renommés. On retrouve abordé dans cet essai un des sujets favoris de réflexion du philosophe : la notion de l'espace public, certes mineur en comparaison à la thèse qu'il développe concernant le concept de la paix perpétuelle. Certes, Kant ne fut pas le premier à évoquer l'idée d'une paix généralisée entre les nations du monde, mais il fut sans conteste l'auteur chez lequel cette réflexion fut la plus aboutie. Dans son essai, Habermas interprète et étudie le projet de Kant tout en l'éclairant de l'analyse d'évènements importants qui survinrent dans les deux siècles qui suivirent sa rédaction. Le texte est divisé en cinq points, dans lequel l'auteur s'interroge sur différentes idées de Kant, en les critiquant parfois, et élabore sa propre thèse au fil du texte.
[...] Habermas met en avant les contradictions de la pensée de Kant : tantôt celui-ci opte pour une association libre d'Etats, tantôt il donne sa faveur à un Etat des peuples. La liberté d'obéir ou non est différente de l'obligation de se subordonner. Le problème de maintenir la paix apparaît difficile à concilier avec la souveraineté nationale : l'alliance des peuples doit avoir des bases juridiques mais en aucun cas ne doit conduire à une monarchie universelle Kant part de principes qui tendraient à assurer la paix : l'augmentation du nombre d'Etats démocratiques, l'intensification du commerce international, l'apparition d'un espace public politique. [...]
[...] Pour Schmitt, l'universalisme moral est injuste et une tromperie : il n'y a pas une seule moralité humaine à imposer par la force aux peuples, et les Etats ont le droit de faire la guerre à l'extérieur pour assurer une paix intérieure : c'est le meilleur facteur de cohésion sociale. Schmitt se monte favorable à un nationalisme exacerbé, qualifié de grotesque par Habermas. Selon le premier, le pacifisme international ferait naître un autre type de guerres : une guerre estimée juste et d'autant plus barbare. [...]
[...] Pour Habermas, la solution serait un jugement impartial, d'après un droit codifié, comme à l'intérieur des Etats de droit. Le problème de la judiciarisation des droits de l'homme est d'après lui résolu : des actions sont permises ou non, il n'y a pas besoin d'introduire des concepts moraux. Certes, le droit conserve quand même un contenu moral : c'est par sa formalisation qu'il se distingue. Habermas approuve finalement Kant : pour éviter ce que craint Schmitt dans l'instauration de règles internationales, il faut trouver un consensus mondial qui puisse changer les normes morales en droit positif. [...]
[...] Bicentenaire d'une idée kantienne, Jürgen Habermas L'année 1995 marqua les deux cents ans de l'ouvrage Projet de paix perpétuelle d'Emmanuel Kant. À cette occasion, le philosophe allemand Jürgen Habermas rédigea un court essai consacré à l'étude de l'actualité de cet ouvrage dans le monde contemporain. Affilié à l'école de Francfort, disciple d'Adorno, Habermas est l'un des philosophes allemands contemporains les plus renommés. On retrouve abordé dans cet essai un des sujets favoris de réflexion du philosophe : la notion de l'espace public, certes mineur en comparaison à la thèse qu'il développe concernant le concept de la paix perpétuelle. [...]
[...] Cependant, Jürgen Habermas reste encore une fois très théorique : comment trouver un consensus dans les droits fondamentaux naturels et inaliénables chez tous les citoyens du monde ? [...]
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