"Le nouvel esprit scientifique". Gaston Bachelard. Chap. V et VI.

Résumé du document

A la différence de nombreux auteurs, Bachelard ne doute pas que toute philosophie détermine une philosophie des sciences, en tant qu'elle contient forcément une théorie de la connaissance. Il a l'ambition dans 'Le Nouvel Esprit Scientifique' d'introduire une épistémologie nouvelle, en phase avec la science contemporaine, mais néanmoins vigilante à l'endroit des préjugés, et des lois supposées éternelles qui depuis la théorie de la relativité d'Einstein bouleversent notre conception du monde. Son engagement se fait à la fois contre le réalisme qui accorde tout à l'expérience immédiate, et contre le rationalisme qui croit pouvoir tout déduire à partir de modes de pensée et de systèmes supposés éternels

Extraits

[...] Or selon Bachelard, la description objective, l'observation ne rend compte d'aucune régularité. Si l'on prend en considération l'ensemble des phénomènes, on constate qu'il n'y a pas de déterminisme et qu'il faut justement un travail sur l'irrégulier et sur l'indéterminisme. " En résumé, toutes ces observations générales tendent à prouver que la psychologie du déterminisme est faite de véritables restrictions expérimentales." En se privant de certaines expériences pour mieux valider ses thèses, le déterminisme devient une véritable technique, il se prouve sur des phénomènes simplifiés et solidifiés. [...]

[...] p Il s'agit véritablement ici d'une porte ouverte sur l'autre versant de son oeuvre concernant son travail sur l'imaginaire et la rêverie. Ce que Besnier décrit comme "l'activité de ce cogito nocturne dont l'esprit scientifique doit certes se débarrasser dans son activité de laboratoire, mais qu'il ne saurait jamais sans dommage, complètement refouler." Poésie et Science "sont complémentaires comme deux contraires bien faits" peut-on d'ailleurs lire dans la Psychanalyse du feu. [...]

[...] Alors qu'une activité de réduction tendrait à ramener la diversité à l'identité d'un concept directeur ou bien aux cadres d'un système déjà éprouvé. Il fait par ailleurs, une distinction essentielle entre un jugement analytique, qui procède par décomposition d'un tout, en le divisant, et le jugement synthétique, qui procède par ajout de connaissance, par extension : Cf p Il faut donc restituer le phénomène dans son ensemble, dans toutes ses liaisons, et toutes ses relations, ce qui amène à la condamnation des natures simples et absolues, donc de la doctrine cartésienne. [...]

[...] Mais le cartésianisme n'est pas rejeté en bloc même si les règles cartésiennes pour la direction de l'esprit ne correspondent plus aux exigences de la recherche scientifique. Bachelard veut surtout insister sur la rupture entre le véritable esprit scientifique moderne, et le simple esprit d'ordre et de classification. Il veut également distinguer l'esprit scientifique régulier qui anime les laboratoires de l'esprit scientifique séculier qui trouve ses disciples dans le monde des philosophes. Selon J.M Besnier, "la leçon infligée aux philosophes est sévère : ils pêchent par excès de naïveté, véhiculent des concepts périmés, ils sont enclins à l'immobilisme et voudraient toujours résumer le nouveau à l'ancien". [...]

[...] La psychologie du déterminisme est ainsi : elle a besoin de tout prouver, de tout comprendre, dans une relation causale, c'est-à-dire qu'à chaque effet correspond une cause. Le déterminisme, par une intuition des formes simples, va simplifier géométriquement les choses pour expliquer la relation causale, dans une hypothèse mécaniste : on va donc intuitioner des formes simples et régulières, -cette simplification est due à la géométrie euclidienne, qui se trouvera bouleversée par la suite par la relativité d'Einstein- afin d'élaborer une hypothèse rationaliste. [...]