Toute réflexion sur la morale en vient presque nécessairement à s'étonner que l'homme puisse faire le mal. C'est qu'on admet en général que la conduite est volontairement choisir par le sujet, et qu'il est en conséquence possible de lui reprocher d'avoir mal agi. Nietzsche entend montrer qu'en réalité, la conduite humaine est d'abord déterminée par un principe de conservation.
Dès lors, la volonté d'un sujet, obéissant à un tel principe, est déterminée à agir, et ce peut être dans une direction que d'autres jugeront « mauvaise ». Une morale collective peut-elle s'élaborer sur un tel fondement, ou n'aboutit-on pas à un relativisme qui peut justifier n'importe quelle conduite ?
[...] III- Que devient l'universalité? Nul n'est méchant volontairement Il n'est pas surprenant que Nietzsche puisse en venir à donner sur ce point raison à Socrate et Platon (ce qui n'est pas si fréquent): nul ne fait en effet le mal volontairement, s'il est vrai qu'on agit uniquement en fonction de son propre bien, c'est-à-dire de ce qui semble bon ou utile. Ce qui est fait volontairement, c'est la défense ou la protection de soi en fonction des exigences de la conservation. [...]
[...] Nietzsche assume la conséquence: si le mal ne peut être absolu, le bien ne l'est pas davantage. Aussi précise-t-il que le bon est perçu ou compris suivant degré d'intelligence niveau actuel de raison c'est introduire en morale des variations aussi bien historiques que culturelles ou sociales. C'est que tous les hommes ne ressentent sans doute pas de la même façon plaisir et déplaisir. Kant reprochait aux épicuriens d'avoir opté pour une détermination subjective du devoir en fondant leur morale sur le plaisir. [...]
[...] Nietzsche, "Humain, trop humain" Toute réflexion sur la morale en vient presque nécessairement à s'étonner que l'homme puisse faire le mal. C'est qu'on admet en général que la conduite est volontairement choisir par le sujet, et qu'il est en conséquence possible de lui reprocher d'avoir mal agit. Nietzsche entend montrer qu'en réalité, la conduite humaine est d'abord déterminée par un principe de conservation, dont la formulation est simple: On veut son plaisir, on veut s'éviter le déplaisir Dans cette optique, le sujet fait toujours le bien, et jamais le mal, c'est-à-dire ce qui lui paraît bon ou utile. [...]
[...] Ne peut-on sans scrupule? Tout le monde peut avoir été agacé par une mouche, et peut avoir eu au moins envie de s'en débarrasser définitivement. Lorsqu'on parvient à la tuer, il est clair que l'on n'en ressent généralement (sauf exceptionnel: adeptes de la métempsycose, par exemple) guère de remords. C'est pourtant bien intentionnellement que l'on a supprimé une vie. On peut bien sûr considérer que la vue d'une mouche nous importe peu, et c'est pourquoi Nietzsche propose un second exemple, ou c'est cette fois la vie d'un homme qui est en cause. [...]
[...] Mais Sade ne peut faire le tableau des débordements auxquels mène l'amoralisme que dans des conditions particulières: ses fictions trouvent place dans des lieux extérieurs à la société, et elles doivent leur possibilité à cette extériorité. Le point de vue de Nietzsche est différent: il prétend s'adresser à des hommes si l'on peut dire quelconques, en tout cas susceptibles de vivre tant bien que mal dans une société ordinaire. Au lieu d'exposer des cas fictifs, il livre des exemples à la portée de tout le monde parce qu'ils correspondent bien à l'expérience commune. II- Comment le nuisible peut-il ne pas être immoral? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture