Jacques Attali, modernité de la Foi, tyrannie des désirs, monothéisme, l’immortalité, homme transgresse les interdits
La plupart des premières sociétés humaines sont organisées autour de l'obsession de la préservation du même, de la répétition du cycle, de l'éternel retour, condition de leur survie et de leur stabilité. L'individu ne compte pas encore. C'est le groupe qui est au centre des préoccupations. La raison d'être de l'Histoire est sa propre négation. On souhaite que le Soleil revienne chaque jour, que la lune obéisse à des cycles précis, vite identifiés, que la pluie revienne chaque saison, que les animaux poursuivent le même cycle de vie pour être chassés, puis les plantes pour être récoltées.
[...] La logique est placée au centre de toutes choses. Les philosophes, amoureux de la logique, débattent de la nature de la matière. Le désir de neuf est partout : mœurs, mode, langage. La promesse d'un avenir meilleur de l'individu se propage. Beaucoup de choses sont admirables, mais rien n'est plus admirable que l'homme. (Sophocle, Antigone.) Le théâtre d'Euripide, à la même époque, fait l'apologie de la liberté de l'être humain. Euripide et Eschyle n'ont plus la foi en la justice divine. [...]
[...] La grandeur et le pouvoir de Rome semblent éternels. Une nouvelle doctrine religieuse se forme sous le contrôle romain. Être moderne, c'est croire en Jésus et en sa résurrection. C'est espérer la sienne propre. L'Église chrétienne reprend à son compte le monothéisme juif, la mythologie grecque, l'universalisme romain. Fin de la modernité de l'être. Début de la modernité de la Foi. 2014. [...]
[...] Il peut être acteur de progrès, à la reconquête de l'immortalité perdue. Ces deux histoires sont écrites séparément dans deux formes scripturales très voisines, avec deux alphabets proches. L'alphabet permet d'écrire plus vite, à un plus grand nombre, et d'accumuler et de transmettre plus facilement un savoir, une histoire, des techniques. L'Histoire de l'homme pour les Hébreux est un lent progrès vers la liberté de l'être humain, après une chute qui leur a fait perdre l'immortalité et leur a imposé des lois rigoureuses sur un chemin semé d'embûches. [...]
[...] Toutes les formes de modernité dans l'Historie renvoient au rapport d'une société avec l'avenir le plus lointain, c'est-à- dire avec le rêve de l'immortalité. Le neuf comme valeur au service de l'individu apparaît chez les Juifs et les Grecs, dans les deux cas dans une bataille contre un oppresseur (égyptien pour les uns, Troyens pour les autres), un adversaire qui a remis en cause leur identité et leur être. Pour ces deux peuples, le temps ne se répète plus de manière cyclique, mais s'écoule de manière linéaire. [...]
[...] Naissance du désir de neuf : la modernité de l'Être (D'après Jacques Attali : Histoire de la modernité Comment l'humanité pense son avenir Robert Laffont éditeur, octobre 2013) Naissance du désir de neuf : la modernité de l'Être D'après Jacques Attali : Histoire de la modernité comment l'humanité pense son avenir Robert Laffont éditeur, octobre 2013. La plupart des premières sociétés humaines sont organisées autour de l'obsession de la préservation du même, de la répétition du cycle, de l'éternel retour, condition de leur survie et de leur stabilité. [...]
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