Michel Foucault est considéré, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, comme l'un des penseurs les plus originaux et les plus influents de la deuxième moitié du 20ème siècle. Ses travaux sont utilisés en histoire, en sociologie et en anthropologie, en philosophie ; de nombreux mouvements politiques, qu'ils soient d'extrême gauche (les maoïstes dans les années 70, beaucoup de courants libertaires ou alternatifs aujourd'hui) ou de droite libérale(François Ewald, l'un des idéologues du MEDEF, était secrétaire de Foucault et se réclame de sa pensée) utilisent avec profits ses écrits sur le pouvoir et le savoir.
Les mots et les choses est le livre qui l'a fait connaître. Ce fut l'un des plus grands best sellers de toute l'histoire des sciences humaines ; on le lisait sur les plages, on le commentait dans les cafés. Il reste malgré tout le plus incompris de tous les livres de Foucault, et peut-être le plus déroutant. Dans le travail qui suit, nous nous proposons tout à la fois de donner un résumé (succinct, et forcément incomplet) des principales thèses de ce livre, et d'analyser la formidable originalité de la méthode foucaldienne. Il s'agira pour nous de savoir pourquoi le type d'analyse produit par Foucault ne ressemble à aucun autre; pourquoi il ne cesse d'inquiéter et de stimuler les universitaires et les curieux du monde entier; pourquoi, encore aujourd'hui, Foucault peut nous apprendre quelque chose sur ce que nous étions, sur ce que nous sommes, et sur ce que, peut être, nous serons.
[...] A l'inverse, l'archééologie foucaldienne a un autre objet: non pas les idéées, opinions, positions (philosophiques ou scientifiques), mais les conditions de possibilitéé de celles-ci. Ce qu'elle veut déégager, c'est le sous-sol de la penséée, cette fameuse "éépistéémèè" que l'on peut dééfinir éégalement comme une forme historique de l'a priori. Les intentions des auteurs ne sont donc guèère intééressantes, puisque l'on considèère que l'éépistéémèè comme configuration géénéérale du savoir est contraignante. Les causalitéés intellectuelles ne sont pas non plus éétudiéées: Foucault renonce àà toute "explication" causale, en mêême temps qu'il dééfinit les changements d'éépistéémèè comme irruption de discontinuitéés fondamentales. [...]
[...] D'autre part l'antipathie éévite que tout cela ne se réésolve dans le Mêême; l'ééquilibre entre les deux tendances permet le jeu des difféérences et des ressemblances. Le langage de ces ressemblances, le signe qui lui permet d'êêtre repééréé, est la signature. On suppose que Dieu a mis une marque sur chaque chose, de manièère àà exprimer ainsi leurs similitudes. La connaissance prend alors bien souvent la forme d'une recherche de ces signatures, c'est àà dire d'une interpréétation voire d'une divination. [...]
[...] La modernitéé Aux alentours de 1800, il se produit une mutation fondamentale qui signe la fin de l'éépistéémèè classique. On assiste àà un glissement fondamental, "de l'Ordre àà l'Histoire" (Chapitre 7 et 8). Les choses semblent ééchapper àà l'espace du tableau, elles commencent àà offrir àà l'observateur des "espaces intéérieurs" qui ne sont plus repréésentables dans les termes classiques de la mathesis et de la taxinomia. Les sciences classiques - grammaire géénéérale, histoire naturelle, analyse des richesses- s'effacent, tandis qu'apparaissent de nouvelles disciplines s'intééressant aux mêêmes empiricitéés: philologie, biologie, ééconomie politique. [...]
[...] La plus réécente des sciences humaines, la linguistique structurale, est aussi la plus prometteuse puisqu'elle est susceptible de formalisation (on peut ainsi attendre d'elle un dééchiffrement plus rigoureux et plus déécentréé des divers impenséés). Sa faççon de faire valoir l'êêtre mêême du langage, dans une perspective de plus en plus "inhumaine", repréésente aussi une possible chance de sortie de l'éépistéémèè anthropologique moderne. La fin du livre est encore plus prophéétique puisque, dans un texte rendu céélèèbre par la poléémique, Foucault préédit la mort de l'homme, dont la figure ne survivrait pas au prochain changement d'éépistéémèè et finirait par s'effacer "comme àà la limite de la mer un visage de sable". [...]
[...] La monnaie n'a plus de valeur intrinsèèque, elle est avant tout substitutive. L'or n'est qu'une convention; la richesse est "repréésentable" par la monnaie. Peuvent alors se former des thééories de la valeur, qui permettent par la suite d'orienter des politiques (comment rééguler les afflux de monnaie et de population, faire en sorte que les salaires n'augmentent pas plus vite que les richesses et les prix, etc . ) Les points communs entre ces difféérentes formes de savoir (qui toutes trois éétudient des positivitéés bien dééfinies: le langage, la vie, le travail) ne rééside pas dans un jeu d'influence rééciproque. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture