Spinoza associe l'idéal à l'utopie, à la fiction car il n'y a rien en dehors de l'être. La notion d'un modèle de perfection humaine est alors un «auxiliaire de l'imagination.» Il y a cependant des échelles de perfection, entre Dieu et le néant, en fonction du niveau de réalité. Pour jauger nos conduites, nous prenons l'idée de l'homme parfait, mais il n'y a que des individus, pas d'Homme, il faut penser comme Dieu, qui ne connaît rien d'abstrait, «ni ne forme de définition générale.»
Opposer le possible au réel, c'est nier le déterminisme absolu: l'avenir est alors la dimension de l'action humaine, donc de la vie morale. Or Spinoza affirme que contingence et possibilité sont des défauts de notre entendement: les choses ne peuvent être que ce qu'elles sont. Mais
Dieu a le pouvoir de transgresser ces lois, afin de manifester sa volonté aux hommes. Il est le Créateur, si on dissocie Création et Contingence: il a position position absolue de l'être (≠ démiurge.) Dieu a tout créé ainsi par nécessité, et est ainsi la vie du monde, qui n'existe qu'à mesure où il vit en lui: nature naturée et nature naturante. L'homme ne connaît que deux attributs de l'être: la pensée et la matière. Or Dieu en a une infinité.
[...] Le châtiment que la société inflige à l'individu, par sa loi sociale, plus naturelle que la loi naturelle, est nécessaire car elle permet à la société de persévérer dans son être. Le Sage, qui comprend la raison des lois, et en est respectueux grâce à cela, non parce qu'il les craint. Le châtiment des ignorants s'effectue donc comme un remède, parfois douloureux, qu'un souffrant s'inocule. On tue l'ignorant comme on tue le serpent, sans se préoccuper de sa responsabilité. La responsabilité morale est une responsabilité vis-à-vis de notre propre nature: nous fautons quand celle-ci est diminuée. Le Sage ne peut pas faire autre chose que le Bien. [...]
[...] Connaissance discursive Connaissance par inférence. Elle nous fait voir, à la suite de notre raisonnement, ce que devrait être la chose. C'est la Raison: l'ensemble des notions communes et des idées adéquates. Elles sont les fondements du raisonnement, càd les principes de la physique. Elles proviennent de notre esprit car nous faisons partie d'un être pensant. - La raison est universel, non en tant qu'esprit, mais en tant que les notions communes apparaissent à tous les entendements quand ils pensent la chose dans un ordre déductif. [...]
[...] Les deux passions fondamentale sont la joie et la tristesse. Elles sont des transitions qui marquent un épanouissement de notre être, une augmentation de la perfection, ou un rétrécissement de notre être, une dégradation dans l'imperfection. Amour et haine proviennent de là: approcher la source de notre joie, ou détruire la source de notre tristesse. Le premier mène à la conservation de la perfection, le second en détruisant ou éloignant l'objet de notre haine, nous affaiblit, au lieu de nous conserver, car nous sommes solidaires du tout. [...]
[...] Pourtant, les hommes ne sont pas réduits au rang de chose corporelle, car chaque chose, à mesure qu'elle est complexe, se rapproche de la perfection. Nous sommes ainsi responsables devant notre nature, mais pas de notre nature. Le déterminisme s'allie à la souplesse. [...]
[...] Spinoza distingue l'âme du corps, mais dit que leur union est d'amour. Mais lorsque nous connaissons immédiatement Dieu, nous comprenons que nous vivons par et pour lui, et nous nous détachons des attaches du corps La destinée de l'âme dépendant de la nature de l'objet auquel elle s'unit, si elle s'unit à Dieu, elle est comme lui immortelle11. Elle est enfin la liberté vraie, celle d'une activité infinie sans passivité. La causalité immanente de Dieu en est le prototype, et les choses qui sont unies plus ou moins étroitement à lui sont plus ou moins actives. [...]
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