Micromégas est le premier conte philosophique de Voltaire. L'incipit a un rôle d'exposition et d'information, il présente le héros, son histoire et la sphère de départ. Cet incipit plonge les lecteurs dans un univers fantaisiste et merveilleux. Voltaire ne cherche pas à nous faire croire à l'existence de son héros. Comme dans tout conte philosophique, le lecteur doit lever des masques afin de déceler la dimension satirique et philosophique du texte derrière sa légèreté apparente
[...] Micromégas apparaît d'emblée comme une fable dénuée de toute vraisemblance dont l'ambition est avant tout de divertir ses lecteurs, mais au-delà, Voltaire transmet une double leçon : une satirique, l'autre philosophique. On retrouve donc l'ambition classique : plaire et instruire (placere et ducere). [...]
[...] Rien n'est plus simple et plus ordinaire dans la nature. Les Etats de quelques souverains d'Allemagne ou d'ltalie, dont on peut faire le tour en une demie heure, comparé à l'empire de Turquie, de Moscovie ou de la Chine, ne sont qu'une très faible image des prodigieuses différences que la nature a mises dans tous les êtres. La taille de Son Excellence étant de la hauteur que j'ai dite, tous nos sculpteurs et tous nos peintres conviendront sans peine que sa ceinture peut avoir cinquante mille pieds de roi de tour: ce qui fait une très jolie proportion. [...]
[...] Cette phrase très longue peut se découper en trois étapes : d'abord Micromégas mesure cent vingt mille pieds or les terriens mesurent cinq pieds et la Terre a neuf mille lieues de tour donc Sirius a vingt-un millions six cent mille fois plus de circonférence On retrouve la forme d'un syllogisme, et derrière la rigueur mathématique apparente, se cache un sophisme, car le postulat de départ est absurde. La conclusion est alors ironique, c'est une antiphrase. Voltaire se moque des pseudos savants ce qui le conduit tout naturellement à tourner en dérision les systèmes philosophiques qui résonnent faux. [...]
[...] Un incipit satirique III. Un incipit à visée philosophique Tout d'abord l'incipit présente le héros, et comme toujours chez Voltaire, ce héros n'a pas de portrait physique précis. Micromégas est caractérisé par sa taille : huit lieues de haut c'est donc un géant, mais Voltaire le qualifie nom qui convient fort à tous les grands Sa longévité est hors du commun puisqu'il établi il n'avait pas encore deux cent cinquante ans vers les quatre cent cinquante ans, au sortir de l'enfance l'auteur eut ordre de ne paraître à la cour de huit cents années Micromégas est un des plus cultivés il fait preuve de curiosité intellectuelle. [...]
[...] Les prouesses de Pascal sont atténuées par l'affirmation devint depuis un géomètre assez médiocre, et un fort mauvais métaphysicien donc Pascal est dénué de sens pratique et se laisse aveugler par ses convictions philosophiques et religieuses. Micromégas est donc bien plus intelligent que Blaise pascal, non seulement à cause des propositions d'Euclide et surtout parce qu'il n'a jamais touché à la métaphysique. Dès l'incipit, Voltaire nous invite à prendre en considération la relativité de nos valeurs et à nous méfier de nos certitudes. Le nom même du héros, Micromégas, petit et grand, est une invitation à ne pas perdre de vue la relativité de toutes choses. [...]
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