Nous nous efforcerons de restituer, au travers de ces interventions, l'image que nous nous sommes forgée de l'œuvre de Michel Villey. Il est pour cela indispensable de ne pas se borner à une simple approche de ces articles, mais également de se plonger dans les travaux et les ouvrages de l'auteur lui-même afin d'appréhender l'essence de sa réflexion
[...] Les historiens du droit répugnent à mettre en question les modes de la pensée moderne. Et notre façon de pratiquer la science historique n'est pas faite pour plaire à tous Malgré un regret, ironique et révélateur Tâchons d'être modeste, je préférerais que cette gerbe de critique fût plus abondante ; c'eut été le succès. Mais de nos jours, à travers le flot de la littérature scientifique, il est difficile de percer il démontre sa volonté de dépasser les frontières de discipline trop hermétiques et de défendre la philosophie du droit. [...]
[...] La lutte contre les idoles de la modernité Ces idoles, évoquées dans l'article de Stéphane Rials, ce sont ce que Villey décrit comme des baudruches dans Les Carnets : le culte de la légalité le culte des faits la vanité du Moi Cette liste d'idoles est longue et diversifiée : l'esthétisme la science l'intellectualisme la légalité les lois du positivisme juridique l'objectivité, la règle écrite les droits de l'homme le plaisir etc. Ce que Villey entend par ce terme idoles c'est surtout et avant tout la modernité qu'il critique pour son versant juridique, mais aussi pour son versant social, général. Villey l'appellerait sans doute aujourd'hui pensée unique malgré le fait qu'il n'aimait certes pas les formules pré-pensées. Il n'aimerait certainement pas Internet, la mondialisation et la domination culturelle des Etats-Unis. Villey se bat contre ce qu'il appelle la religion du Moi pourfendant la pensée de Guillaume d'Occam ( c.f. [...]
[...] l'article de Daniel Gutmann Michel Villey, le nominalisme et le volontarisme). Il voit le triomphe futur de l'individualisme dans le volontarisme du moine franciscain, et un lien évident avec le nominalisme. Villey va même plus loin en soulignant le côté novateur (mais critiquable) de la pensée Occamienne et en y voyant poindre l'utilitarisme de Bentham et la modernité juridique (page 90). Le nominalisme, selon Villey, débouche immanquablement sur deux maux extrêmement graves: l'individualisme forcené, et l'enchaînement de l'intelligence humaine. Il se bat aussi contre la religion du droit on l'a vu, lors de ses diatribes en faveur de la philosophie du droit et contre l'enfermement de l'enseignement dans la seule évocation de droits positifs artificiels. [...]
[...] C'est la raison pour laquelle Villey veut réinventer la philosophie, (comme on parlerait de l'inventeur d'un trésor), et retrouver la philosophie en partant de l'état d'ignorance qui est le nôtre. La dialectique est le seul moyen de reprendre contact avec cette philosophie originelle. Traditionnellement, cette méthode en est depuis toujours le médium privilégié : la dialectique, au sens étymologique du mot : art de la discussion bien organisée ( ) la dialectique nous paraît tenir un rôle fondamental dans l'art juridique Celle-ci, rappelle Villey, fut donc, et semble rester la méthode philosophique par excellence. [...]
[...] La dénier, ce ne serait donc pas seulement mettre obstacle à la réalisation de sa tâche insigne, ce serait aussi et surtout commettre un péché contre le savoir et l'esprit (Préface, Réflexions sur la philosophie et le droit Les carnets). Michel Villey quitte la direction des Archives de la philosophie du droit en 1985, mais continue d'enseigner et d'écrire : Polémique sur les droits de l'Homme (Les études philosophiques, 1986), Questions de saint Thomas sur le droit et la politique, ou le bon usage des dialogues (P.U.F. 1987), Considérations intempestives sur le droit des gens (Archives de philosophie du droit, 1987), et Warum Thomas von Aquin heute ? [...]
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