Platon nous avait dit que les hommes seraient sauvés si les philosophes devenaient rois ou les rois philosophes. En étudiant le cas de Marc Aurèle, on peut dire que c'est arrivé une fois au cours de l'histoire : en effet celui ci a vécu de 121 à 180 et fut empereur romain à 40 ans, suite a son adoption par l'empereur Antonin, lui-même fils adoptif d'Adrien qui avait pris Marc Aurèle sous son aile. De plus, comme le rapporte Julius Capitolinus dans son « Histoire auguste », Marc Aurèle « cultiva pendant toute sa vie la lecture et l'emporta sur tous les empereurs par la pureté de ses mœurs. » C'est ainsi que, plus qu'un empereur historiquement marquant, on se souvient de Marc Aurèle comme d'un homme vivant d'art et de philosophie. Il apparaît comme un de ces grands sages stoïciens, stoïcisme dont il a d'ailleurs suivi l'enseignement avant d'en gonfler la 3eme vague, celle du stoïcisme impérial, plutôt romain qui délaisse les questions de physique pour se concentrer sur l'expression d'une morale particulière. Cependant, il dut mener une vie contraire à ses aspirations philosophiques en menant pendant 20 ans la dure vie d'empereur guerrier afin de préserver la paix et l'intégrité du territoire romain. C'est dans ce contexte sombre qu'il rédige ce que l'on appellera après sa mort ses Pensées. Il s'agit effectivement de pensées au sens propre du terme rédigées au jour le jour pour lui-même dans un style simple et imagé. Loin de toute volonté de reconnaissance, il s'agit simplement du mouvement de la pensée pour et par elle-même à l'instar de la philosophie stoïcienne qu'elle sert. Celle-ci répond à l'urgence ressentie par Marc Aurèle lui-même dans ce contexte de guerre de vivre dignement, de retrouver sa nature humaine pétrie d'intelligence et de raison. En ce sens les Pensées de Marc Aurèle relèvent aussi d'un ton personnel: c'est la confrontation des idées de ses maîtres stoïciens avec l'épreuve des faits, « les méditations d'une belle âme surprise de figurer parmi la galerie des empereurs »comme le rapporte André Cresson dans son livre Marc Aurèle.
[...] Ce matérialisme est intégral Plotin l'explique bien dans le livre 2 de ses Ennéades : les stoïciens admettant que les corps sont les seules réalités et la seule substance disent que la matière est une, elle est le substrat des éléments et elle est leur substance; toutes les autres choses mêmes les éléments ne sont que des manières d'être de la matière. Ce pan réalisme stoïcien exprimé et repris par Marc Aurèle ne doit pas seulement être vu comme une faiblesse, mais aussi comme étant au service d'une théorie : il affirme la réalité immédiate et tangible sur laquelle l'homme doit s'appuyer selon l'analyse du Que sais-je ? Consacré au stoïcisme. [...]
[...] Ainsi, selon les termes d'André Cresson : Le sage stoïcien ne désire jamais que ce qui dépend de lui seul. Cette philosophie du bonheur apparaît bien austère, mais avant tout elle semble être un idéal bien éloigné de la nature humaine. Marc Aurèle sur ce point diffère de ses maîtres en en reconnaissant la difficulté. B. Un stoïcisme adouci Marc Aurèle est bien conscient de la difficulté d'application de ces principes, mais il n'en est pas moins convaincu de son bien-fondé. [...]
[...] En ses temps de guerre, Marc Aurèle ne peut trouver le réconfort de l'âme dont il a tant besoin dans les faits, mais ne peut que la trouver en lui. Il se rappelle ainsi continuellement cet impératif moral : Marcher toujours par le chemin le plus court ; et le plus court chemin, c'est celui qui est selon la nature ; c'est-à-dire que nous devons nous conformer à la plus saine raison, dans toutes nos paroles et dans tous nos actes nous dit la pensée 51. [...]
[...] C'est à dire que les préceptes de Marc Aurèle visent, comme toute la philosophie stoïcienne à un bonheur austère et réfléchi basé sur la raison et l'acceptation de tous les problèmes de la vie comme étant extérieurs à notre âme. Il s'agira ici de s'interroger sur les fondements de ce bonheur tel que Marc Aurèle les énonce dans ses Pensées, et sur les bases de son moralisme. Tout d'abord, nous nous attacherons à démontrer l'importance de la nature chez Marc Aurèle ainsi que sa conception matérialiste du monde entier. [...]
[...] C'est en ce sens qu'il est un complément essentiel du stoïcisme il nous en monte l'effectivité et nous évite de considérer cette philosophie comme une idée irréalisable qui resterait lettre morte. [...]
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