Le Lysis est un traité qui porte sur la philia, terme que l'on traduit de façon traditionnelle par « amitié » ce qui est un pis aller, car la philia grecque est beaucoup plus large, elle désigne en fait des rapports très variés, soit les rapports d'amitié, définie comme relation privilégiée entre deux êtres partageant les mêmes goûts, les relations familiales, les liaisons amoureuses, et les affections pour les animaux, ou même encore l'attraction des éléments dans le monde physique. L'effort de Platon dans le Lysis est d'identifier pour toute philia quel en est l'objet, le sujet et la motivation.
Le Lysis est traditionnellement considéré comme un dialogue de jeunesse comme le Charmide (la sagesse), le Lachès (courage) l'Euthyphron (piété) qui sont à la recherche d'une définition d'une vertu. On pourrait donc considérer que le Lysis est la quête de la définition de la philia. Cependant, la question « Qu'est-ce que l'amitié ? » n'est jamais explicitement citée. La question traitée par ce dialogue est donc moins celle de la nature de la philia que l'identification de l'objet et du sujet et de ce qui pousse les hommes à nouer de tels liens. Pourquoi un tel changement d'optique ? Hypothèse : la philia n'est peut-être pas une vertu. Dans le cas des vertus, comme elles sont en fait une connaissance, selon la thèse socratique de la « vertu-science » il est donc nécessaire et urgent de définir leur essence, car la définition est alors à concevoir comme l'expression de cette connaissance, qui elle-même est la condition de la vertu.
[...] On retrouve une telle idée dans le Phèdre, où Socrate estime que la philia parentale est faible par rapport à la philia supérieure qui unit un jeune homme et un homme en vue du savoir. cf. in 255b. Ainsi Socrate menace Lysis de perdre l'affection de ses parents s'il ne devient pas savant et bon. Est-ce une menace sérieuse ou est-ce hyperbolique ? Deux arguments nous font penser que Socrate est sérieux : La menace est réversible, Lysis peut ne plus estimer ses parents si ces derniers deviennent inutiles. cf. accusation au procès de Socrate. cf. [...]
[...] Disparition de la famille traditionnelle. La méfiance de Platon à l'égard de la famille se ressent déjà ici. L'une des principales leçons du Lysis est que la véritable philia ne réside pas dans les liens de parenté créés par le hasard de la procréation, mais dans la parenté plus profonde qui nous unit nécessairement au savoir et au bien. N'est-ce pas là une définition utilitariste de la philia ? Non, car le fondement de la philia ce n'est pas tant l'utilité que le savoir. [...]
[...] On verra à la suite du dialogue qu'en fait pour comprendre l'amitié il faut tenir les 3 possibilités ensemble, il n'y a donc pas à choisir. De plus cet entretien ne met en jeu que deux termes (celui qui aime et celui qui est aimé) passant à côté du 3ème terme fondamental, la cause, c'est-à-dire l'utilité. Question de la réciprocité en amitié, évoquée en 212d. Existe-t-il des relations de philia non réciproque ? Socrate semble le soutenir, mais en fait à y bien regarder il ne soutient cela que dans le cas de la relation Homme/ animal ou Homme/ objet inanimé (gymnastique). [...]
[...] n'est jamais explicitement citée. La question traitée par ce dialogue est donc moins celle de la nature de la philia que l'identification de l'objet et du sujet et de ce qui pousse les hommes à nouer de tels liens. Pourquoi un tel changement d'optique ? Hypothèse : la philia n'est peut-être pas une vertu. Dans le cas des vertus, comme elles sont en fait une connaissance, selon la thèse socratique de la vertu-science il est donc nécessaire et urgent de définir leur essence, car la définition est alors à concevoir comme l'expression de cette connaissance, qui elle-même est la condition de la vertu. [...]
[...] Et c'est cette évaluation qui lui permet d'ajuster son discours. Ainsi alors que Lysis est présenté comme réservé et qualifié de kalos kagathos vertu aristotélicienne par excellence, Ménexène est perçu comme un jeune disputateur qui a besoin d'une leçon. Le but est de faire comprendre que la réfutation coûte que coûte de l'adversaire n'est pas une méthode d'argumentation appropriée quand la discussion est en fait une recherche commune. Il ne faut donc pas s'étonner si le passage est gros de sophismes et ne mène nulle part. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture