Pour Clément Rosset, tout individu bénéficie de deux identités, la première dite « sociale », la seconde, « personnelle » ou « pré-identitaire ». « Le moi “pré-identitaire” apparaît ainsi comme le moi vrai et authentique, le moi “identitaire” (ou social) comme un moi conventionnel qui n'est que l'habit qui couvre et cache à la fois le premier et n'a d'autre consistance que celle du papier et de la rumeur. » (p. 12)
L'auteur pense que le caractère profond du moi personnel est celui de l'unicité tandis que le moi social est malléable, changeant puisqu'on le perçoit par la médiation de papiers d'identité, de témoignages et de perceptions par d'autres individus des actes du moi, tous falsifiables. Le moi personnel serait donc composé de qualités diverses qui sont consubstantielles au moi, mais qui ne suffisent pas à le déterminer précisément. Clément Rosset adhère donc au jugement de Pascal : « On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. » (fgt. 323 de l'édition Brunschvicg)
[...] Loin de moi étude sur l'identité, Clément Rosset I. La hantise de soi Pour Clément Rosset, tout individu bénéficie de deux identités, la première dite sociale la seconde, personnelle ou pré- identitaire Le moi pré-identitaire apparaît ainsi comme le moi vrai et authentique, le moi identitaire (ou social) comme un moi conventionnel qui n'est que l'habit qui couvre et cache à la fois le premier et n'a d'autre consistance que celle du papier et de la rumeur. (p. 12) L'auteur pense que le caractère profond du moi personnel est celui de l'unicité tandis que le moi social est malléable, changeant puisqu'on le perçoit par la médiation de papiers d'identité, de témoignages et de perceptions par d'autres individus des actes du moi, tous falsifiables. [...]
[...] René Girard dans Mensonge romantique et vérité romanesque serait un des premiers et des seuls à remettre en cause l'autonomie du moi, qu'il juge illusoire et d'origine cartésienne (et constitue à ses yeux l'essence du mensonge romantique et à affirmer son affiliation constante à l'autonomie supposée d'une autre personne (affiliation révélée par la vérité romanesque (p. 44) L'autonomie du moi vole en éclats au profit d'une triangulation autoalimentée du désir. L'identité personnelle se construit en rapport avec celle d'autrui, par fusion agrégat de qualités qui appartiennent à une pluralité d‘individualités sociales perçues comme gratifiantes par l‘individualité en construction. Il ne saurait donc être de moi que de l'autre et par l'autre, dont l'étayage assure l'éclosion et la survie du moi. (p. [...]
[...] On en revient à l'illusion psychologique définie précisément dans le troisième chapitre d'un ouvrage précédent de l'auteur : le réel et son double (folio essais, 1976) En dernier lieu, l'identité d'emprunt peut référer à un animal comme dans les sociétés totémiques, ou dans certains cas de folie. Or la perte de l'assurance de posséder l'être aimé provoque une crise identitaire. À l'extrême et de façon comique, Harpagon s'exclame j'ignore qui je suis et ce que je fais dans le célèbre monologue de l'Avare, comédie de Molière ; sa cassette remplaçant de manière comique le trésor qu'est habituellement l'être aimé pour une personne saine d‘esprit. [...]
[...] 39) cette répétition est comme un jeu de miroirs : celui que duplique la mise en abime des multiples regards des autres. Chez l‘ami que l'on prétend connaître on a bien compris son rôle (que l'espagnol rend parfaitement par le mot papel, le papier, le texte) et sa logique répétitive. Or il va de soi que ce rôle concerne son comportement social et que par conséquent la personne que l'on dit ainsi connaître n'est pas une identité personnelle, mais une identité sociale, _ le suivi de son comportement qui se répète à l'instar des formules répétitives contenues dans l'enveloppe de l'imprimeur. [...]
[...] 27) L'identité personnelle, quant à elle, ne peut être cernée. Si je cherche à me saisir moi-même, je manque de recul et de la capacité de duplication traduite par une impossible ubiquité ; lorsque c'est autrui qui cherche à me saisir, il ne perçoit qu'un amas de faits et gestes, le moi social. Mon moi personnel lui demeurant à jamais inconnu : le domaine de mes pensées reste clos en moi sans accès pour autrui. Qui croit bien se connaître s'ignore plus que jamais, n'ayant aucun sentiment consistant de lui-même à se mettre sous la dent (nous retrouvons ici l'argument de Hume) ; qui réussit à voir enfin autrui en face ne voit rien. [...]
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