Lieux de mémoires, Nora, Le Bras, Carbonnier, Code civil
La réhabilitation de la dénomination « Code Napoléon » en 1952 montre à quel point le Code civil est indissociable de la personne de Bonaparte. Sous l'Empire, il est un véritable instrument de politique extérieure, capable de séduire les peuples européens en portant la promesse de l'abolition des droits féodaux. « J'ai semé la liberté à pleine main partout où j'ai implanté mon Code civil » écrit Bonaparte dans ses mémoires.
[...] J'ai semé la liberté à pleine main partout où j'ai implanté mon Code civil écrit Bonaparte dans ses mémoires. Après la chute de l'Empereur, des critiques du Code commencent à émerger de tous bords. A droite, on l'accuse de détruire la famille en assimilant le mariage à un contrat et en morcelant les héritages, ce qui pourrait conduire à réduire la natalité. On le présente comme le défenseur de l'individualisme à travers la liberté contractuelle et comme l'ennemi des institutions sociales comme les Églises et les corporations. [...]
[...] On note ainsi que les Mémoires de la cour de France de Mme de Lafeyette rappellent certains passage de La Princesse de Clèves. L'acceptation démocratique des mémoires coïncide avec l'avènement de l'individu face aux institutions sociales. Le genre laisse un place plus importante à la psychologie et glisse vers l'autobiographie. [...]
[...] Ce n'est qu'à partir de la Révolution qu'apparaît l'idée selon laquelle les statistiques peuvent servir l'intérêt du peuple plutôt que celui du monarque. Sous l'Empire, cette mission est confiée aux préfets qui dressent, à la demande de Bonaparte, les portraits statistiques de leur département. Ces enquêtes conduiront à des résultats variables en raison de limites méthodologiques. Elles permettront toutefois de montrer que la France était sous l'Empire plus riche et plus peuplée qu'avant 1789, contrairement à ce que prétendaient les nostalgiques de l'Ancien régime. [...]
[...] Elle se poursuit à travers d'illustres exemples parmi les nobles meurtris: Retz face à l'échec de la Fronde, Saint-Simon, qui déplore l'assujettissement de la noblesse par Louis XIV, ou encore Chateaubriand, emporté par les événements révolutionnaires. Les mémoires de Cour opèrent un renversement de paradigme. Ce ne sont plus des réquisitoires contre le pouvoir de l'État mais le récit de ce même pouvoir. Elles décrivent le spectacle de la Cour et de ses intrigues et deviennent un véritable genre littéraire à la recherche d'un esthétisme. [...]
[...] En ce sens, l'indépendance scientifique de l'INSEE est un acquis précieux pour notre démocratie. La publication des enquêtes de l'INSEE place les décideurs politiques face à la réalité des résultats de leur action et permet au citoyen d'exercer son jugement. L'INSEE est généralement considérée comme l'institution de production de données publiques la plus fiable en France et il est presque inquiétant de constater le crédit presque sans limite apporté à ses chiffres dans certains articles de presse. La récente désapprobation publique du ministre de l'Intérieur par l'INSEE au sujet des chiffres de l'échec scolaire chez les enfants d'immigrés est sans doute venue renforcer l'image d'autorité objective de l'institut. [...]
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