Le Discours de métaphysique, écrit en 1686 (mais qui ne sera publié qu'en 1846), marque un tournant dans le système de Leibniz, car il y présente enfin une métaphysique structurée de façon autonome. Le point de départ de son système est le concept d'un Dieu parfait, omniscient et infiniment bon, économe de ses moyens mais prodigue de ses effets. A partir de là, Leibniz établit la réalité de la substance (il est donc substantialiste) et décrit les sources possibles de notre connaissance (c'est-à-dire qu'il met en place une gnoséologie). Son cheminement ressemble à un cercle : il consiste à partir de Dieu pour rejoindre le monde physique, pour se diriger ensuite vers les esprits et enfin retourner à Dieu de nouveau. Sa méthode consiste donc à déployer (Deleuze dirait à déplier) les attributs de Dieu pour découvrir le monde dans sa nature profonde. Dans ce cercle, on retrouve toutes les intuitions fondamentales de sa philosophie : des monades en passant par un Dieu-nexus qui les connecte toutes ensemble, jusqu'à une théodicée visant à déresponsabiliser Dieu du mal, Leibniz réunit ici tous les éléments de la philosophie systématique la plus rigoureuse de l'époque moderne.
[...] Dieu possède la sagesse infinie et agit parfaitement au sens métaphysique et au sens moral. Comme dans chaque ouvrage, on retrouve la marque de l'ouvrier, la bonté de Dieu se retrouve dans son ouvrage. Il est nécessaire qu'il existe une justice divine. Les vérités éternelles de la métaphysique ne dépendent pas de la volonté de Dieu (contrairement à ce que pense Descartes) mais des suites de son entendement. Dieu ne peut pas mieux faire, il est dans la dernière perfection Il ne fait rien non plus dont il ne mérite d'être glorifié, et c'est affaiblir sa gloire de ne lui prêter aucune raison d'agir ainsi. [...]
[...] La félicité est aux personnes ce que la perfection est aux êtres. Dieu a ordonné que les esprits puissent être éternellement, mais également qu'ils conservent toujours leur qualité morale, afin que sa cité ne perde aucune personne. Jésus-Christ a découvert aux hommes le mystère des lois admirables du royaume des cieux et la grandeur de la suprême félicité que Dieu prépare à ceux qui l'aiment. Car la plus grande satisfaction qu'une âme puisse avoir est celle de se voir aimée des autres. [...]
[...] Ces qualités ne sont pas des substances. C. Le contingent et le nécessaire Les vérités sont fondées sur le libre arbitre de Dieu, dont le choix a toujours ses raisons qui inclinent sans nécessiter. Leibniz cherche à éviter une objection à son idée que le sujet contient une fois pour toutes tout ce qui pourra lui arriver. Affirmer une telle chose semble supprimer la liberté et confondre le contingent avec le nécessaire. Mais Leibniz affirme qu'il existe bien une différence entre le nécessaire et le contingent. [...]
[...] Les substances (art à 16) A. La substance individuelle La substance individuelle est ce à quoi plusieurs prédicats s'attribuent, elle n'est rien d'autre que le sujet. La spécificité d'un sujet est qu'il ne peut s'attribuer à aucun autre. Pour Leibniz, le sujet contient tous ses prédicats, en ce sens il est une monade (la monade est l'élément essentiel qui constitue l'être de chaque individu), c'est-à-dire que rien ne peut ni entrer, ni sortir : elle est déjà tout ce qu'il a été, ce qu'il est et tout ce qu'il sera. [...]
[...] Leibniz, Discours de métaphysique Gottfried Wilhelm Leibniz : Discours de métaphysique, Paris, Pocket p., ISBN : 2-266-05066-4. Introduction et notes par Jean-Baptiste Rauzy. Introduction Le Discours de métaphysique, écrit en 1686 (mais qui ne sera publié qu'en 1846), marque un tournant dans le système de Leibniz, car il y présente enfin une métaphysique structurée de façon autonome. Le point de départ de son système est le concept d'un Dieu parfait, omniscient et infiniment bon, économe de ses moyens mais prodigue de ses effets. [...]
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