Le joueur d'échecs présente une singularité par rapport aux autres fictions de Stefan Zweig. Alors que la plupart du temps, l'Histoire est absente du récit, cette fois, elle occupe une place éminente, au cœur de la nouvelle et du récit de M.B. relatant son emprisonnement par la Gestapo ainsi que la torture de l'isolement. Ce faisant, l'auteur évoque un destin individuel, mais aussi l'évolution historique de tout un pays : disparition de l'Empire austro-hongrois, économie ravagée par les difficultés de l'après-guerre, avènement du nazisme, prise du pouvoir par Hitler, méthodes d'espionnage et de répression de la Gestapo. Les circonstances particulières de la vie de M.B. s'inscrivent étroitement dans le cours de l'Histoire
[...] Certes Czentovic n'est pas le représentant direct des nazis, mais son comportement, son impassibilité, sa froideur, son sentiment de supériorité, représentent, du point de vue de la morale et des valeurs humaines, une attitude qui, sur un tout autre plan et une toute autre échelle, est identique à celle des nazis. La torture qu'il impose au Dr B. en jouant de plus en plus lentement n'est pas sans rappeler les attitudes des bourreaux dont a été victime M.B. pendant son année d'emprisonnement. Le jeu d'échecs illustre ainsi le contexte historique de la nouvelle. Mais il s'agit plus de l'analyse de la tyrannie dans son ensemble que précisément de la dictature nazie. De fait, on pourrait lire le récit de M.B. [...]
[...] La plus effroyable défaite de la raison et plus sauvage triomphe de la brutalité la chute d'une telle élévation spirituelle dans une telle décadence morale : ces formules par lesquelles Zweig évoque les soubresauts de son époque pourraient tout aussi bien caractériser l'affrontement entre Czentovic et M.B. D. L'engagement de Zweig La personnalité toute entière de Zweig repose sur son humanisme profond. Dans ses rapports avec les autres, il se donne tout entier, avec pour témoin son amitié pour Romain Rolland, Verhaeren et Freud. Ses qualités de cœur, un générosité qui l'amène à compatir facilement et à venir en aide aux malheureux qui le sollicitent se combinent chez Zweig. [...]
[...] La lutte entre humanisme et totalitarisme Introduction Le joueur d'échecs présente une singularité par rapport aux autres fictions de Stefan Zweig. Alors que la plupart du temps, l'Histoire est absente du récit, cette fois, elle occupe une place éminente, au cœur de la nouvelle et du récit de M.B. relatant son emprisonnement par la Gestapo ainsi que la torture de l'isolement. Ce faisant, l'auteur évoque un destin individuel, mais aussi l'évolution historique de tout un pays : disparition de l'Empire austro-hongrois, économie ravagée par les difficultés de l'après-guerre, avènement du nazisme, prise du pouvoir par Hitler, méthodes d'espionnage et de répression de la Gestapo. [...]
[...] Quoi qu'il en soit, une chose est sûre : le gardien n'est pas un zélateur, il accomplit son de voir, mais ne cherche pas à rendre la vie de ses prisonniers plus insupportable qu'elle ne l'est déjà. On peut voir là une trace d'humanité et de foi en l'être humain : même du côté des tyrans, il reste parfois un peu d'humanité. C. Les visages de l'humanisme Le médecin et l'infirmière ont une valeur symbolique : ils incarnent le Bien, l'humanité. [...]
[...] Zweig avait connu Romain Rolland et défendu des positions pacifistes. Durant la Première Guerre Mondiale, Zweig a eu une attitude ambiguë. D'abord sensible à des sentiments nationalistes, il est ramené à une attitude plus raisonnable par son ami Romain Rolland. C'est lui qui va lui servir de réconfort ou d'exutoire. Il va jouer un rôle primordial dans l'évolution des sentiments de l'écrivain par rapport aux évènements. Le conflit durant, la perspective de Zweig change et ce sont les lettres de Rolland qui le guideront jusqu'à un pacifisme plus déterminé et sans équivoque. [...]
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