La tolérance est le signe de « la véritable église ». Se targuer d'autres avantages (tels que l'orthodoxie, la réforme, la splendeur) relève de la lutte pour le pouvoir. En effet, le but de la religion est « d'ordonner la vie des hommes selon les règles de la vertu et de la piété ». Ce sont ces dernières qualités qui sont le signe du vrai chrétien, et celui qui persécute au nom de la religion en est dépourvu. Il omet d'ailleurs souvent de redresser les torts et de combattre les vices de son propre entourage, préférant se battre pour des doctrines dépassant l'entendement humain. Châtier et persécuter les opinions contraires, tout en ne combattant pas les vices matériels relève donc de la recherche d'un « autre royaume » que le « royaume de Dieu ». Dieu n'a d'ailleurs jamais utilisé la force pour convertir les autres hommes. Afin d'éviter les persécutions au nom du respect des lois, ou la licence et l'impunité sous couvert de la religion, il faut « distinguer entre les affaires de la cité et celle de la religion et que de justes limites [soient] définies entre l'Eglise et l'Etat ».
[...] Son salut ne regarde que lui, et son culte ne dérange personne. Un pouvoir législatif existe pour protéger les citoyens. Ses lois visent le bien public terrestre. Tout le reste est laissé à l'initiative des citoyens, en particulier le soin de leur vie future. On doit d'abord, en effet, obéissance à dieu, et ensuite aux lois Problème: s'il y a conflit entre une loi et la conscience d'un particulier? Dans un Etat gouverné par le bien commun, cela arrivera rarement. [...]
[...] En effet, le magistrat n'a reçu le pouvoir de prendre le soin des âmes ni de dieu, ni des hommes, qui ne peuvent le faire, car nul ne peut abandonner le soin de son salut éternel ni laisser autrui lui imposer un culte. En effet, c'est un péché de simuler la foi en une religion. De plus, la contrainte ne peut agir sur l'esprit; le magistrat ne doit donc pas édicter de lois sur les opinions, car soit elles ne sont pas appliquées, soit les peines prévues sont innefficaces. De plus, la foi des princes pouvant varier, l'imposer au sujet laisserait le salut au hasard des naissances. [...]
[...] L'État ne doit donc pas s'occuper de la vie future. L'Église est la société d'hommes volontairement réunis pour adorer publiquement Dieu de la façon qu'ils jugent lui être agréables et propres à leur faire obtenir le salut Dans une société libre, l'adhésion à une église est volontaire, et fondée sur la croyance que cela est agréable à dieu. Donc, quel est le pouvoir de l'église, et à quelle loi est-elle soumise? Une société ayant besoin de lois pour se perpétuer, les églises en ont également besoin. [...]
[...] Prohiber le mal civil fait au nom de la religion permet ainsi d'éviter un état d'insécurité et de conflit permanent. L'autorité et le pouvoir des dignitaires ecclésiastiques ne peuvent s'étendre aux affaires civiles, en vertu de la séparation entre l'église et l'État. Non seulement ils doivent s'abstenir de toutes violences, mais ils doivent prêcher la tolérance à leurs fidèles. C'est en effet ce que prescrivent les évangiles. Et de plus, on doit laisser à chacun le soin de ses propres affaires qui ne lèsent personne. [...]
[...] Un péché (l'idolâtrie) doit être évité, il ne doit pas être puni par le magistrat. La bible prescrit l'extermination des idolâtres, mais cette prescription ne s'applique qu'aux juifs, et envers les apostats. Le christianisme n'a pas introduit de forme politique. Il n'est pas une théocratie. En ce qui concerne la foi elle-même : on doit distinguer entre les dogmes concernant les pratiques (=sphère de l'opinion et de l'entendement) de ceux concernant la spéculation (=volonté et moeurs). Ces derniers nécessitent seulement d'être crus, donc le pouvoir civil ne peut y interférer. [...]
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