Né le 15 février 1748 à Londres, Bentham se montre rapidement un enfant prodige (il sait lire le latin à trois ans), il n'a que 12 ans quand son père l'inscrit à Oxford; d'où il en ressortira diplômé à l'âge de 16 ans. Fils et petit-fils d'une famille d'avocat il est marqué très jeune par le droit.
En 1781, Bentham rencontre le Comte de Shelburne et rentre en contact par ce biais avec de nombreux politiciens whigs. Bien que ceux-ci apprécient ses idées, celles-ci sont généralement peu partagées par la classe politique anglaise. C'est en 1785 que Bentham rejoint son frère Samuel en Russie où il reprend les écrits de ce dernier sur le panoptique, un modèle de prison où tous les prisonniers pourraient être observés. Ce projet n'intéressant pas Catherine II de Russie, il retourne en Angleterre en 1788. Pendant 20 ans il poursuivra et améliorera ce projet.
[...] Bentham voulut ainsi créer un système juridique complet, une série de modèles destinés à faire le bien de la collectivité. Le gouvernement, disait-il, devait favoriser les quatre fins subordonnées de l'utilité la sécurité, la subsistance, l'abondance et l'égalité avant d'atteindre la fin et l'abstraction ultime, le couronnement normatif que représente le plus grand bonheur du plus grand nombre. Bentham, dans cet esprit, conçut des propositions qu'il présenta dans des codes fixant les modes de procédure et d'administration de la preuve, tant en matière de droit civil et pénal, que sur le plan du droit constitutionnel et international. [...]
[...] Contre Bentham, il faut peut-être revenir à la transparence au sens rousseauiste du terme. L'intimité n'est pas un trésor à cacher ou à exhumer. C'est une décision de respect mutuel, une affirmation arbitraire des limites de l'action d'autrui. Seule la volonté politique soutenant la loi crée l'intimité. L'intériorité n'a de réalité qu'à ce titre, et l'oublier ouvre la porte aux plus dangereux systèmes de surveillance en se couvrant du manteau du moralisme pour attaquer les agresseurs non plus dans leurs actes, mais dans leur supposée intention secrète rendant dès lors suspects tous les citoyens. [...]
[...] Les sanctions Une fois ces quelques concepts développés, Bentham définit quatre types de sanctions : - naturelle : la maladie est la sanction de la débauche - populaire : appelée en général le qu'en dira t - religieuse : la peur de l'enfer préserve des crimes et des délits, d'ou le rôle de régulation sociale de l'Eglise - Pénale : Bentham est un réformateur et cherche à ce que les prisons deviennent dissuasives. Pour cela il imagine le système du panoptique. Le Panoptique Dans le panoptique, Bentham pose les bases de la prison moderne : une prison où règne une visibilité totale et dans la que le délinquant se trouve sous le regard constant du geôlier, sous le regard constant de la loi. Comme je l'ai mentionné précédemment, Foucault a écrit une postface au Panoptique dans Surveiller et Punir. [...]
[...] Lorsque des urbanistes du XXe siècle comme Walter Gropius parleront du «champ de l'architecture totale», ils penseront avant tout aux bâtiments et aux paysages. Les modèles de Bentham, en revanche, visaient réellement la totalité: il s'agissait essentiellement de rehausser le style et la qualité de vie de ceux qui habiteraient de telles structures. Les «villages panoptiques» qu'il imagina en 1797 pour abriter tous les laissés pour compte de la société la veuve, l'orphelin, le chômeur et sa famille, le vieillard et le criminel fourmillent d'institutions nouvelles, dont Bentham fournit les plans détaillés: centres expérimentaux de culture et d'élevage, laboratoires médicaux, maisons mobiles, écoles de musique, systèmes d'échanges entre chômeurs, établissements d'éducation sexuelle et foyer de jeunes mariés, centres de formation professionnelle pluridisciplinaire (Bentham ayant compris, comme les études ergonomiques l'établiront plus tard, que la répétition mécanique d'une tâche immuable est intolérablement ennuyeuse et dégradante pour le travailleur). [...]
[...] La seconde critique de Bentham porte sur le système même du panoptique. Certes, l'idée de Bentham était certainement de faire du Panoptique une prison humaniste et dissuasive, une prison qui se sépare du cachot Cependant, l'application de ses théories dans les prisons occidentales a peu amélioré le sort des prisonniers et a constitué un premier moment vers le totalitarisme parfait imaginé par Orwell. Dans les pays développés, qui se sont inspirés de la philosophie carcérale benthamienne, les conditions de vie des détenus laissent toujours largement à désirer. [...]
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