Deux grands axes sont à suivre : d'une part, l'ensemble des actions humaines - l'histoire – constituerait un développement progressif et continu des dispositions originelles de l'espèce humaine. Il y aurait un fil directeur de l'histoire. D'autre part, ce fil directeur n'étant pas dû à un dessein volontaire et raisonnable des hommes, le philosophe doit donc y chercher « un dessein de la nature ». Dans cette introduction, Kant n'affirme encore rien, il se contente de présenter les difficultés que la réflexion rencontre quand elle s'interroge sur le devenir historique. Il expose en quelque sorte la méthode qu'il faudrait suivre pour aborder ce problème. L'importance de l'introduction est de mettre en valeur la complexité du problème et en quel sens il ne va pas de soi.
La première difficulté est de savoir comment peut-on concilier la liberté humaine et un dessein de la nature. La régularité et la conformité des événements à des lois peuvent-elles être appliquées aux actions humaines alors que les hommes sont des êtres libres ? La critique de la raison pure, parue trois ans plus tôt en 1781, lève cette difficulté. Kant y a clairement dissocié la physique et la métaphysique, la physique qui porte sur les lois de la nature et étudie les phénomènes (tout ce dont on peut faire l'expérience) et la métaphysique qui porte sur tout ce qui est au-delà et qui n'est pas à proprement parler un savoir. Les questions métaphysiques de savoir si l'homme est libre ou pas, si Dieu existe ou pas, si l'âme est immortelle ou pas, ne sont pas du ressort de la physique (pour Kant, la physique doit se constituer indépendamment de toute théologie). Ainsi, la détermination des lois de la nature ne préjuge en rien de la liberté, il est donc tout à fait possible de chercher quelles lois permettent de connaître les hommes, en tant qu'êtres de la nature, sans nier leur liberté.
[...] En même temps qu'elle nous permet d'espérer, elle ne résorbe pas les contradictions de la condition humaine. Kant s'interdit ici délibérément de justifier tout sacrifice sur l'autel de notre histoire, une façon de prévenir toute tentative de vouloir sacrifier des hommes à des fins de l'histoire (cela condamne par avance toute forme de terrorisme ; nul n'a le droit de se réclamer du sens de l'histoire pour justifier des crimes ou des massacres). Quatrième proposition Deux forces contraires s'opposent en l'homme : la sociabilité le pousse à rechercher ses semblables ; l'insociabilité le rend incapable de se plier à la règle commune de ce qui menace sans cesse de dissoudre la société, elle résulte des inclinations et des passions égoïstes. [...]
[...] Quels que soient les progrès accomplis, comme ceux du siècle des Lumières, il reste encore autant à faire. L'idée de progrès souligne l'ambiguïté de la finitude humaine : nous ne sommes pas réductibles à ce que nous sommes car nous sommes perfectibles, mais nous ne nous arracherons jamais à notre finitude car il faudra toujours progresser. C'est le propre de l'homme fini que d'aspirer à l'infini. C'est pourquoi Kant, à chaque fois qu'il aborde l'idée de progrès, souligne aussi toujours la misère ou la méchanceté des hommes. [...]
[...] Mais cette exigence de l'enquête historique n'interdit pas d'envisager l'histoire en philosophie qui découvre au dessus du détail des choses humaines un plan d'ensemble qui embrasse le cours entier de l'histoire. Kant nous propose donc simplement de considérer du point de vue de droit politique et international le devenir de l'humanité des Grecs à nos jours. Ce progrès du droit est aussi comme l'indique la parenthèse de Kant l'extension du droit à tout pays. Kant ne fait que proposer le fil conducteur d'une histoire qu'il nous demande d'entreprendre. [...]
[...] Ce bien-être rude est une vie sans confort, sans luxe, aucune passion violente ne trouble ces hommes paisibles. L'homme n'y est pas un être intelligent et libre mais un animal stupide et borné (Rousseau) dont l'existence strictement amorale ne suppose aucune vertu. Cette vie n'a aucune valeur car rien n'a de valeur que par la liberté. Ainsi, par les passions (jalousie, vanité, incompatibilité d'humeur ) l'homme peut perdre cette innocence (ou stupidité) et user de sa raison et donner par là un sens à la création tout entière. [...]
[...] Si le but de la nature est la destination morale des hommes, c'est-à-dire le plein développement de notre nature raisonnable, chacun peut dès maintenant faire que cette époque si heureuse pour notre postérité arrive au plus vite Kant cherche dans le XVIIIeme siècle de quoi nourrir son espérance : il note d'abord l'indépendance des Etats européens. La concurrence oblige les Etats à se développer. En outre, il analyse les causes et les conséquences des Lumières et va y déceler la finalité naturelle. Les Lumières sont la conséquence d'un développement économique, industriel et commercial. Les Etats acceptent le libre-échange et la libre-entreprise car ils contribuent à la puissance des Etats. [...]
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