En considérant que le plaisir est à la fois le principe et la fin de toute vie bienheureuse, Hobbes oppose à cette thèse trois problèmes :
- Le plaisir considéré comme sensation est-il une expérience compréhensible par autrui ou n'est-il que l'expression d'une subjectivité indépassable ? Autrement dit, est-ce que je plaisir n'enferme par le sujet dans son propre monde ?
- Cette conception du plaisir ne conduit-elle pas à réfuter toute idée d'un bien qui serait universel ? Plus précisément, le plaisir ne doit-il pas lieu qu'à des valeurs bonnes ou mauvaises, auquel cas, il n'existerait pas de norme objective dans le domaine moral ?
- Dans ce contexte, comment est-il alors possible de penser la coexistence d'êtres différents si leurs différences se révèlent radicales ?
[...] VI Le langage est constitué de signes linguistiques arbitraires. La parole ou le discours est l'enchaînement des mots que les hommes ont établi arbitrairement pour signifier l'enchaînement des concepts que nous pensons Hobbes, De l'homme, X Cela signifie que les signes ne sont pas les choses elles-mêmes. Ce ne sont que des signes conventionnels, inventés par l'homme, et qui servent à désigner les choses, sans établir une relation nécessaire entre le signe et la chose que ce signe désigne. C'est ici que se présente la duplicité du langage, qui peut servir à la fois à communiquer, mais également à tromper, à manipuler. [...]
[...] Autrement dit, pour Hobbes, tout se vend et tout est à vendre, mais aussi, le plaisir peut-être acheté. Ici l'achat ne consiste pas nécessairement dans une rétribution monétaire, mais plutôt dans la capacité à d'acquérir la puissance de l'autre au service de mon plaisir à partir de la séduction et de la ruse. En ce sens, le plaisir montre que le plaisir est l'expression d'un égoïsme biologique et que l'homme lui-même à un prix : La valeur ou l'importance d'un homme c'est, comme pour tout homme, son prix, c'est-à-dire, ce que l'on donnerait pour disposer de son pouvoir : aussi n'est-ce pas une grandeur absolue, mais quelque chose qui dépend du besoin et du jugement d'autrui Hobbes, Léviathan, Chap. [...]
[...] En ce sens il s'agit d'une passion réflexive (qui fait retour sur soi, qui a rapport à soi), qui se définit comme la joie éprouvée par la supériorité de sa puissance sur autrui. La gloire est donc le plaisir de la puissance, dans la mesure où il s'agit d'une exaltation de l'esprit que provoque l'image de notre puissance et plus précisément l'image de la supériorité de notre puissance par rapport aux autres : C'est une glorification de soi. Cette définition est d'importance puisqu'elle montre que cette recherche de puissance ne s'explique pas pour des raisons strictement économiques, des raisons qui s'expliqueraient par la rareté des objets et l'importance des besoins, mais par la nécessité qu'a chaque individu qu'autrui reconnaisse sa supériorité. [...]
[...] Hobbes montre ici le mouvement de l'homme à la recherche du plaisir, qui donne un sens à son existence. Être heureux pour Hobbes, ce n'est pas l'avoir été ou espérer de l'être, mais bien continuer à l'être dans ce mouvement perpétuel d'accumulation. La félicité, par conséquent, est définie comme une jouissance perpétuelle qui Ne consiste pas dans la réussite passée, mais dans le fait, au présent de réussir, Hobbes, Élément de la loi naturelle et politique, VII, bien qu'il n'existe pas de tranquillité perpétuelle de l'esprit en raison de cette inquiétude à l'égard de sa conservation future. [...]
[...] En effet, cette anxiété ne s'explique que parce que l'Homme est capable de sortir de l'instant et de se projeter dans le temps, grâce au langage. Le langage est pour Hobbes, un système de signe linguistique conventionnel au sein duquel les mots sont considérés comme des empreintes, des indices que l'on pose sur les choses et qui nous permettent de les garder en mémoire. Autrement dit, si le sujet est capable de faire l'expérience du temps (se remémorer le passé et se projeter dans l'avenir) c'est parce qu'il possède des mots qui lui permettent en tant que signe des choses des les utiliser dans le temps. [...]
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