« Pourquoi des poètes en temps de détresse ? » est une question posée par Hölderlin dans Pain et vin. Le temps dont il est question est encore le nôtre. Avec la venue et le sacrifice du Christ a commencé pour Hölderlin, la fin du jour des dieux. La nuit du monde étend ses ténèbres, l'époque est maintenant déterminée par l'éloignement du dieu. Plus aucun dieu ne rassemble les hommes. En conséquence, il n'y a plus de dieu également pour rassembler selon un ordre, l'histoire du monde et le séjour humain en cette histoire. C'est donc le fondement même du monde qui fait maintenant défaut. « Pourquoi des poètes ? » demande Hölderlin, « Vers où les hommes ? » répond Heidegger.
[...] La question devient qu'est- ce que le chant lui-même ? A partir de quoi le chant chante-t-il ? Jusqu'où plonge-t-il dans l'abîme ? Rilke part de la vérité de l'étant telle qu'elle trouve son aboutissement dans la philosophie de Nietzsche. Heidegger se refuse à une interprétation globale des Elegies : la région de déploiement d'un dialogue entre la poésie et la pensée ne peut-être éclairée qu'à une allure lente et patiente. A la place, il propose l'explication de vers improvisés de Rilke (cf. [...]
[...] C'est pourquoi il n'existe de Logique qu'à l'intérieur d'une Métaphysique. D. Le risque de la parole La création d'une sûreté provient de ceux qui risquent davantage à travers le risque de la parole. Dans tout le domaine des étants, l'Ange est l'étant de plus haut rang. Au poète de préciser son essence dans la perspective du risque. L'Ange ensuite déploie son essence à l'intérieur de l'espace intime du monde. Le marchant, bien qu'il évalue les choses, ne connaît pas leur poids propre. [...]
[...] Or l'auto-imposition de l'objectivation technique est la constante négation de la mort. La mort devient quelque chose de négatif, elle devient le non constant par excellence. Se tourner vers l'ouvert c'est renoncer à dire négativement ce qui est, et entre autre renoncer à dire la mort. La mort c'est le statut et là où le statut nous touche nous pouvons laisser entrer positivement l'être, c'est-à-dire commencer à le mettre en mouvement. C. Un cercle intérieur comme abri Le plus vaste cercle de l'étant est en fait intérieur, il devient présent dans l'espace intime du cœur. [...]
[...] La parole devient l'éclaircie de l'être en son entier. Elle n'est pas quelque chose de subjectif. La dimension sujet/objet est abolie chez Heidegger. Mais le dire du poète englobe le monde et son être propre dans la temporalité, c'est-à-dire qu'il est historial. Il a donc une destination qui lui est propre mais au sein d'une destinée commune qui est cette nuit du monde. En dernier ressort, c'est ce destin commun des hommes qui détermine ce vers quoi le chant du poète est en route. [...]
[...] La question est de savoir quand donc sommes nous de telle sorte que notre être soit chant. Le chant est comme toute parole un souffle, mais un souffle pour rien. Il ne recherche pas ce qu'il y a à dire. Le poète veut donc d'une autre manière. Il ne veut pas l'objectivation du monde. Il ne veut rien du tout. Son chant au-dessus de la terre sauve, il consacre l'intact de la sphère de l'être. Ainsi ceux qui risquent plus sont les poètes. [...]
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