Résumé d'un ouvrage du penseur libéral traitant notamment les thèmes de l'ordre, du droit et de la justice sociale. Les règles en vigueur dans une société doivent concourir au maintien de l'ordre spontané. La poursuite de la justice sociale, notion mal définie, est porteuse de menaces à l'encontre de la liberté individuelle. Une limitation des interventions d'un gouvernement soumis aux revendications catégorielles est la condition du maintien de l'ordre spontané
[...] Le processus d'uniformisation qui procède de la mondialisation a notamment eu pour effet d'altérer les règles coutumières en vigueur dans un certain nombre de pays (notamment européens), en vertu desquelles il était admis que les gouvernements pussent prendre des mesures particulières afin de concourir à un objectif partagé de poursuite de la justice sociale (mesurée par exemple à l'aune des écarts de revenus entre les plus riches et les plus défavorisés). L'existence de différences d'un pays à l'autre en termes d'inégalités économiques est ainsi totalement passée sous silence par Hayek, tout à son entreprise d'élaborer une théorie générale et abstraite de la société, par conséquent déconnectée de toutes situations particulières auxquelles il n'est jamais fait référence. Un tel constat amène à identifier le caractère contestable du réinvestissement de la pensée de Hayek dans la seule promotion du libéralisme économique. [...]
[...] Parmi ces buts poursuivis par les législateurs contemporains, Hayek choisit d'étudier la notion de justice sociale, notamment parce que selon lui la proclamation de cet objectif sert de prétexte à l'expression d'intérêts particuliers disparates et antagonistes. L'impossibilité à définir le contenu de la justice sociale L'angle principal de la critique de Hayek est le constat de ce que l'exigence de justice sociale est adressée non pas à l'individu, mais à la société. Or, en vertu de l'analyse de la société comme produit d'un ordre spontané, Hayek relève logiquement que celle-ci, à la différence de l'individu comme du gouvernement, est incapable d'agir dans un but déterminé ne participant pas directement de l'ordre spontané - ce qui est le cas de la justice sociale, qui résiste à toute tentative d'abstraction dans un principe général et impersonnel. [...]
[...] En effet, si un tel résultat contrarie l'ordre spontané, sa réalisation sera en réalité compromise par le jeu complexe des interactions et des contre-réactions qui affecteront la règle abstraite une fois introduite dans la pratique. II) La poursuite de la justice sociale, notion mal définie, est porteuse de menaces à l'encontre de la liberté individuelle Hayek conclut la première partie de son ouvrage par le constat de ce que la répartition des rôles qu'il prône entre juge et législateur a été considérablement altérée dans la Grande société : le positivisme juridique, qu'il dénonce, reconnaît en effet au législateur un pouvoir d'innovation normative, par lequel il lui revient d'édicter des lois afin de réaliser des objectifs exprimés en vertu du débat démocratique - ou à travers la manifestation de revendications catégorielles. [...]
[...] De telles règles ne seraient en effet plus générales et visant des fins privées inconnues mais des règles particulières adressées à chacun en fonction de l'objectif lui étant personnellement assigné au regard du principe de justice sociale - soit l'idée de redistribution. La nécessité de faire prévaloir le principe de la liberté individuelle Cette emprise du gouvernement sur les individus exigée par l'idéal de justice sociale constitue, pour Hayek, une atteinte intolérable au principe abstrait de liberté individuelle, dont la préservation est une condition absolue du maintien de l'ordre spontané. [...]
[...] Hayek relève cependant qu'incontestablement se fait jour le besoin occasionnel de modifier par la législation le droit issu de la pratique : cette intervention du législateur, institution propre à la Grande société, répond à la nécessité d'infléchir la pratique lorsque celle-ci dérive dans une direction indésirable, soit au regard d'un système de valeurs ayant évolué, soit en ce que cette dérive constitue une menace de déséquilibre en tant qu'elle va contre l'ordre spontané - ordre dont par conséquent la préservation constitue un objectif primordial assigné au législateur. Cette analyse aboutit à une répartition des rôles entre juge et législateur dans l'édiction des règles de droit. [...]
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