Née à Hanovre (Allemagne) en 1906, Hannah Arendt suit des études de philosophie à l'université de Heidelberg. Ses maîtres sont Husserl, Heidegger et Jaspers. Elle fuit le nazisme dés 1933 pour s'installer en France. Elle est contrainte de se réfugier aux Etats-Unis en 1941 où elle mène parallèlement une brillante carrière universitaire, une importante activité journalistique tout en exerçant des responsabilités au sein d'une organisation de défense de la culture juive.
Peu commentée et peu lue avant les années 70 en France dans la mesure où le paysage intellectuel était très marqué par les thèses marxistes, Hannah Arendt apparaît désormais comme une des grandes figures tutélaires du paysage intellectuel français.
Érigée en véritable conscience de nos « sombres temps l'œuvre d'Hannah Arendt porte la marque de l'histoire du vingtième siècle dont elle a subi les heurts avant d'en interroger les articulations. Philosophe de formation, Hannah Arendt vécut comme une rupture ce tournant majeur de l'histoire que constitua l'accession de Hitler au pouvoir en 1933. A partir de cette date, elle se défend d'être une philosophe, préférant se dire "professeur de pensée politique". Les expériences totalitaires du vingtième siècle avaient montré, selon elle, l'impuissance de la tradition philosophique (qu'elle circonscrit de Platon à Marx) à saisir la réalité. Néanmoins, elle reste attachée au courant phénoménologique (Heidegger) bien que de façon critique et se réfère fréquemment à Machiavel, Montesquieu et Tocqueville.
Celle que le philosophe Hans Jonas qualifie de « passagère sur le navire du XXe siècle», a vu dans la condition juive, comme dans les systèmes totalitaires, l'une des voies privilégiées pour la compréhension d'une modernité arrachée aux repères de la tradition. La fin de cette tradition politique, Arendt la voit dans "la domination totalitaire qui a rompu la continuité de l'histoire occidentale".
Ainsi, Les Origines du totalitarisme (1951) est-elle sa première œuvre majeure et préfigure t-elle l'ensemble de ses thèses. Elle y démontre le caractère inédit du phénomène totalitaire, révélation d'un mal absolu dont la cause tient dans l'existence de crimes non punissables autant qu'impardonnables et y montre que la perte du lien social est une condition déterminante de l'émergence de ces régimes, dont le ressort essentiel est la terreur.
Eischmann à Jérusalem (1963), sur le procès d'Adolf Eichmann lui permettra de développer le concept de « la banalité du mal ».
La Condition de l'homme moderne. (1958), essai d'anthropologie du fait d'un certaine similitude des thématiques annonce La crise de la culture (1968) composé de huit exercices de pensée politique dont le titre original, Between past and futur est tout à fait éclairant sur les desseins de cette œuvre dans laquelle elle se demande « comment penser dans la brèche laissée par la disparition de la tradition entre le passé et le futur. »
[...] Néanmoins, elle reste attachée au courant phénoménologique (Heidegger) bien que de façon critique et se réfère fréquemment à Machiavel, Montesquieu et Tocqueville. Celle que le philosophe Hans Jonas qualifie de passagère sur le navire du XXe siècle», a vu dans la condition juive, comme dans les systèmes totalitaires, l'une des voies privilégiées pour la compréhension d'une modernité arrachée aux repères de la tradition. La fin de cette tradition politique, Arendt la voit dans "la domination totalitaire qui a rompu la continuité de l'histoire occidentale". Ainsi, Les Origines du totalitarisme (1951) est-elle sa première œuvre majeure et préfigure-t-elle l'ensemble de ses thèses. [...]
[...] Au contraire, le contrôle intérieur via l'idéologie et l'absence de distinction entre sphère publique et sphère privée dans les régimes totalitaires annihile la possibilité de construire un monde commun. Cette domination totale peut être rapprochée du concept institution totale mise à jour par Erwing Goffman dans Asiles (1961), à travers l'observation d'un hôpital psychiatrique, et par lequel il décrit toute institution dans laquelle tous les besoins des reclus sont pris en charge par une instance unique et dont les camps de concentration constituent l'archétype. Dans ces essais, Arendt semble s'attacher à la tradition comme socle nécessaire de la société, notamment, pour fonder le concept d'éducation. [...]
[...] Arendt pose également la question de la "culture de masse". Hannah Arendt, fait l'hypothèse que cette société qui précède cette "société de masse" permettait la" présence d'autres couches de nos sociétés dans lesquelles pouvait s'échapper l'individu"; la société de masse au contraire est celle qui intègre, englobe, rendant impossible d'autres espaces une bonne part du désespoir des individus dans les conditions de la société de masse est due au fait que ces échappées sont maintenant bloquées parce que la société a incorporé toutes les couches de la population". [...]
[...] La position d'Hannah Arendt est intéressante en ce qui concerne la religion. En effet, l'idée d'un Dieu d'amour, créateur d'une religion née des vestiges de deux grandes civilisations, grecque et romaine, n'est plus vue comme un héritage universel. Cependant, si la religion s'est retirée des affaires publiques, elle gagne, observe Arendt, en liberté ce qu'elle perd en puissance, puisqu'elle n'est plus astreinte à servir les princes. Arendt renoue avec Saint Augustin en réinterprétant ses propos, en posant la liberté comme étape préliminaire de toute action et en détachant l'idée de religion de tout fanatisme : Dieu a créé l'homme dans le but d'introduire dans le monde la faculté de commencer : la liberté En guise d'ouverture, Gilles Lipovetsky, dans son ère du vide analyse la situation dans laquelle se trouvent les démocraties contemporaines qui peut être rapprochée de l'idée de brèche chère à Arendt. [...]
[...] Chacun peut désormais se consacrer tout entier à lui-même et mener une vie "à la carte", c'est la raison pour laquelle il fait de son essai un retour sur la désacralisation de la politique et de la morale pour poser les différents aspects de l'individualisme. Cet hédonisme désenchanté contraste largement avec l'idée de l'action politique au centre de l'action humaine telle que la préconisait Hannah Arendt. [...]
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