Juive allemande et philosophe, née à Hanovre en 1906, formée par deux grands maîtres, Heidegger et Jaspers, Hannah Arendt a connu deux fois l'exil, en France (1933), puis aux États-Unis (1941), dont elle devint citoyenne. Elle mourut en 1975. Son œuvre politique s'appuie sur une analyse du totalitarisme, dont elle retrace la généalogie dans nos sociétés modernes et dont elle fait ressortir les implications historiques et philosophiques. Citons, notamment, sur ce chapitre : Les origines du totalitarisme (1951), Eichmann à Jérusalem et Essai sur la Révolution publiés en 1963, Du mensonge à la violence (1972). A partir du fait totalitaire, Hannah Arendt propose une relecture critique des notions fondamentales du politique qui ont émergé en Occident avec les cités grecques et qui ont été occultées par les dérives totalitaires: liberté et justice, autorité et raison, responsabilité et vertu,…. En retrouvant le sens, ou l'esprit originel de ces concepts, on peut mettre des mots sur l'expérience de la liberté politique, du « bonheur public », expérience dont la cité grecque fut le lieu réel et qui s'est plusieurs fois reproduite à l'improviste et fugitivement lors du déclenchement des révolutions et dans les mouvements de résistance, chaque fois que des hommes ont « commencé à créer cet espace public entre eux où la liberté peut apparaître ».
Dans La Crise de la Culture, Hannah Arendt part de l' « usure » de la tradition dans nos sociétés qui nous rend « incompréhensible » un certain nombre de concepts de la pensée politique occidentale qui sont nés avec Aristote et Platon, et dont elle fait l'histoire « critique », de leur naissance à leur remise en cause moderne : l'Histoire, l'autorité, la liberté, l'éducation, la culture …. Parallèlement, elle essaye d'envisager les conséquences de leur crise ou de leur déclin pour nos sociétés.
L'ouvrage est composé de huit essais. On peut les organiser en trois parties. Une première partie liminaire, composé de deux essais La tradition et l'âge moderne et Le concept d'histoire : antique et moderne qui traitent de la rupture moderne dans la tradition et du concept d'histoire par lequel l'âge moderne a voulu tourner le dos à la tradition philosophique ; La deuxième partie examine deux concepts politiques centraux et liés, l'autorité et la liberté, en montrant qu'aux questions : « qu'est-ce que l'autorité ? » et « qu'est-ce que la liberté », aucune des réponses fournies par la tradition ne sont plus bonnes ni utilisables. Les quatre essais de la dernière partie : « La crise de l'éducation », « la crise de la culture : sa portée sociale et politique », « vérité et politique », « la conquête de l'espace et la dimension de l'homme » sont des tentatives pour appliquer le mode de pensée mis en place dans les deux premières parties à des problèmes contemporains plus immédiats.
Je suivrai l'ordre des essais dans la fiche, mais je leur donnerai une importance très inégale, en me concentrant surtout sur la deuxième partie, qui me paraît être la plus stimulante ; pour la dernière partie, je passerai très rapidement sur le dernier essai qui est très marqué par l'époque de sa rédaction (les années 50-70), même si certains aperçus sur la science sont tout à fait transposables à des domaines comme les biotechnologies, par exemple, qui en étaient à leurs balbutiements à l'époque de la publication de ces textes.
[...] Hannah Arendt : la crise de la culture Juive allemande et philosophe, née à Hanovre en 1906, formée par deux grands maîtres, Heidegger et Jaspers, Hannah Arendt a connu deux fois l'exil, en France (1933), puis aux États-Unis (1941), dont elle devint citoyenne. Elle mourut en 1975. Son œuvre politique s'appuie sur une analyse du totalitarisme, dont elle retrace la généalogie dans nos sociétés modernes et dont elle fait ressortir les implications historiques et philosophiques. Citons, notamment, sur ce chapitre : Les origines du totalitarisme (1951), Eichmann à Jérusalem et Essai sur la Révolution publiés en 1963, Du mensonge à la violence (1972). [...]
[...] C'est pour cela que l'Empire Romain, quel que soit son extension, gardera toujours comme capitale Rome, au contraire des Grecs qui considéraient que là où se trouvait les citoyens, là était la polis. Toute autorité politique à Rome est donc une autorité dérivée qui découle de l'autorité première des ancêtres fondateurs de la cité, à commencer par l'autorité du sénat, que les Romains distinguent du pouvoir, qui réside dans le peuple (Cum potestas in populo, auctoritas in senatu sit). Auctoritas vient du verbe augeo, augmenter. Les anciens exercent l'autorité, dans le sens où ils augmentent ils confirment les actes du peuple, en les plaçant dans la continuité de la fondation de Rome. [...]
[...] Le kitsch néo (néo-gothique, néo-byzantin) qui envahit l'architecture du 19ème (ou l'académisme en peinture) est une bonne illustration de cette dévaluation de la culture. - l'âge de la culture de masse à partir du XXème siècle : a priori l'industrie des loisirs, qui fabrique ses propres objets, menace moins le monde de la culture que le philistin cultivé ; mais dans sa recherche effrénée de nouveaux produits à offrir à la consommation de la société de masse, elle va piller le réservoir de la culture, en prenant soin d'adapter les objets culturels à la fonction divertissante à laquelle elle les destine. [...]
[...] - Dans les régimes totalitaires, l'organisation politique est comparable à celle d'un oignon, où le chef serait au centre et dirigerait de l'intérieur. Toutes les parties du mouvement (organisations de sympathisants, associations professionnelles, membres du parti, bureaucratie du parti, polices, formations d'élite) sont reliées entre elles, de telle sorte que chaque strate joue le rôle du monde extérieur normal pour celle qui est plus radicale et le rôle de l'extrémisme pour celle qui l'est moins. Ainsi, pour chacune des couches de la société totalitaire, cette structure offre l'illusion d'un monde normal, et en même temps la conscience d'être plus radicale que lui, protégeant ainsi cette société du choc de la réalité. [...]
[...] Au total, que ce soit dans le domaine politique ou dans le domaine physique, l'homme ne rencontre que jamais que lui-même. Le cadre commun à tous les hommes que la nature et l'histoire formaient a disparu pour céder la place à des processus résultant de l'action humaine, mais dont celle-ci ne maîtrise pas les implications. II Deux concepts politiques centraux : l'autorité et la liberté Qu'est-ce que l'autorité Une notion devenue inintelligible Pour Hannah Arendt, la notion d'autorité politique est devenue incompréhensible à l'époque moderne, crise dont les totalitarismes ont profité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture