Parce qu'il est un des derniers ouvrages de philosophie pure du XXème siècle, La Condition de l'homme moderne est d'une écriture complexe, riche en référence antique et en termes grecs. Ceux ci ne sont toutefois pas dénués d'utilité. L'Antiquité est pour H. Arendt plus qu'une référence. Elle est un référentiel. Arendt l'utilise ici pour ce qu'elle est : un point de départ. Elle est donc un point de passage obligé dans un effort de quête de sens sur nos sociétés modernes, cette même quête qui derrière le cadre de pensée dressé sous-tend son œuvre. En ce sens, H. Arendt réussit elle-même ce tour de force nécessaire qu'elle propose aux sociétés modernes : prolonger la vie active à partir de ses racines historiques sans négliger le recul philosophique toujours plus négligé et ainsi toujours plus nécessaire
[...] II) L'ouvrage d'H Arendt n'en est pas moins une quête de sens sur nos sociétés modernes A. Un double rejet : ni marxiste, ni utilitariste "On trouvera dans ce chapitre une critique de K. Marx. Cela est gênant à une époque où tant d'auteurs qui naguère vivaient en empruntant, expressément ou sans le dire, au trésor des idées et des intuitions de Marx, ont décidé de devenir antimarxistes professionnels." Pour H. Arendt, Marx doit être ce que Rousseau a été pour Constant : un repoussoir utile. [...]
[...] Il est frappant de constater que la fin de l'ouvrage constitue, en quelque sorte, un constat d'échec. L'action ne trouve pas aisément sa place dans le monde contemporain et seul l'acte de penser semble dans une vie humain surpasser les autres activités humaines : " Car si l'on ne devait juger les diverses activités de la vie humaine qu'à l'épreuve de l'activité vécue, si on ne les mesurait qu'à l'aune de la pure activité, il se pourrait que la pensée en tant que telle les surpassa toutes. [...]
[...] L'analyse historique d'autre part a pour but de rechercher les origines de l'aliénation du monde moderne". Pour Ricoeur, la distinction d'H Arendt est fondée sur une démarche d'"anthropologie philosophique. Les références multiples de l'ouvrage à la philosophie grecque ou latine latin ne sont pas une forme d'érudition. H Arendt confronte notre société avec la société antique et cherche à tirer les ficelles de son évolution. Les trois dimensions de la vita activa naissent alors non pas comme des impératifs philosophiques mais comme les concepts les plus pertinents pour l'analyse de la rupture existentielle de l'époque moderne. [...]
[...] Arendt sont intimement liées. Elles se rattachent toutes à la condition plus générale de l'existence humaine dans la brutalité de la vie : la vie et la mort, la natalité et la mortalité en sont les points d'unification. Le travail n'assure pas seulement la survie de l'individu, mais également celle de l'espèce. L'oeuvre et ses produits conservent une certaine permanence. L'action, dans la mesure où elle se consacre à fonder et maintenir des organismes politiques, crée la condition du souvenir c'est à dire l'histoire. [...]
[...] Plus centrales sont ses réflexions sur la place de l'art dans les sociétés modernes. L'art y apparaît comme la sanctuarisation résiduelle d'un champ que l'humanité a déserté celui de l'oeuvre. "Si l'homo laborans a besoin de l'homo faber pour faciliter son travail et soulager sa peine . Les hommes de parole et d'action ont également besoin de l'homo faber en sa capacité la plus élevée : ils ont besoin de l'artiste, du poète et de l'historiographe, du bâtisseur de monuments et de l'écrivain, car sans eux le seul produit de leur activité, l'histoire qu'ils jouent et qu'ils racontent, ne survivrait pas un instant." On peut enfin citer en vrac des réflexions sur le phénomène urbain 226), sur la résistance passive (P230), sur la vitesse (p201), sur le renouvellement de la notion de frontière (p214). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture