Frustrés, Le Nouvel Observateur, Claire Brétecher, protection sociale, abus d'un système, satisfaction de désirs
À la page des Frustrés publiée dans Le Nouvel Observateur du 9 septembre 1974, Claire Brétecher met en scène un couple qui étudie les possibilités de congés de l'année à venir. Au-delà du caractère anecdotique et somme toute banal de la situation, ce document révèle certaines caractéristiques de notre société et quelques travers de nos contemporains.
[...] Les Frustrés portent bien leur nom. Perpétuellement désabusés, ils courent après la satisfaction de désirs qu'ils n'arriveront jamais à éteindre. Ainsi les personnages présentés ici font figure d'enfants gâtés, incapables d'apprécier le luxe dans lequel ils vivent, luxe qu'une bonne partie de la planète leur envie. Et dans le miroir que nous tend Claire Brétecher, n'est-ce pas notre propre image que nous retrouvons trop souvent ? [...]
[...] Les frustrés, Claire Brétécher À la page des Frustrés publiée dans Le Nouvel Observateur du 9 septembre 1974, Claire Brétecher met en scène un couple qui étudie les possibilités de congés de l'année à venir. Au-delà du caractère anecdotique et somme toute banal de la situation, ce document révèle certaines caractéristiques de notre société et quelques travers de nos contemporains. D'abord les propos échangés par les deux personnages, à une date qui est traditionnellement marquée en France par la rentrée scolaire et plus généralement la rentrée sociale, laissent apparaître en filigrane une société dans laquelle le législateur a mis place lace des lois sociales qui accordent aux salariés un nombre important de congés payés. [...]
[...] La mise en cause d'une société où l'assistanat semble primer sur l'esprit d'entreprise n'est pas loin et Brétecher stigmatise, non sans ironie, le comportement d'individus, qui, à force d'abuser d'un système, finissent par se comporter comme de véritables parasites. La chute de la bande dessinée ne fait que corroborer cette dénonciation, puisque l'un des deux personnages, apparemment peu satisfait des possibilités de ponts de l'année à venir, n'hésite pas à envisager l'éventualité d'une demande de congés de maladie. Brétecher se livre alors à une double dénonciation : celle de salariés qui abusent de leur protection sociale et celle d'une partie du corps médical qui, par sa complaisance, favorise ce type de comportements. [...]
[...] Enfin, les nombreuses fêtes qui sont évoquées ici semblent réduites à leur fonction calendaire, comme si elles n'étaient que des occasions de jours fériés. La dimension festive et culturelle a disparu au profit d'une approche purement consommatrice où Toussaint, Noël et le ter mai dans leurs racines religieuses ou historiques sont vides de sens. La société, devenue profane, a engendré une désacralisation de la fête, qui se voit le plus souvent réduite à un jour où on ne travaille pas. [...]
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