Il faut spécifier que ce texte "De la Guerre et des Guerriers", qui représente la vue guerrière de Nietzsche a été tronquée, a été simplifiée au profit d'une idéologie barbare par des "écrivains" nazis, tels que Ernst Bertram ou Alfred Bämler. L'œuvre est par elle-même violente, guerrière, mais l'homme décrit dans cette œuvre est au-delà de la guerre et de la haine, les écrits de Nietzsche dépassent le problème qu'ils posent.
Intéressons nous maintenant au propos du texte. Dans une première partie, nous allons voir la différence fondamentale que fait Nietzsche entre un simple soldat et le guerrier (I). Puis dans une partie seconde, nous montrerons la finalité de la guerre : la paix de l'ultime victoire (II).
[...] Et bien le fait que Nietzsche explique sa non-attirance pour les femmes montre surtout son envie de briser les idoles. Pour lui, aucun pays (prusse de naissance il se fera par la suite naturaliser suisse pour ses vingt cinq ans), aucune femme, aucune identité définitive ne trouvent grâce à ses yeux. Si l'on ajoute à cela l'œuvre elle-même, les aphorismes qui la composent, les altérations, les mensonges et les falsifications sous lesquels il s'est lui-même laissé ensevelir, trouver dans cette "philosophie au marteau" une cohérence unique s'avère être une entreprise forcément titanesque. [...]
[...] On retrouve encore ici l'amour que porte Nietzsche aux hommes d'action. Nietzsche termine son "ode" à la guerre en exposant le fait que le guerrier est fait pour obéir, ce qui semble entrer en contradiction avec le début lorsqu'il dit "Battez-vous pour vos pensées". Mais en fait il ne s'agit absolument pas de cela. Nietzsche a pris soin de mettre cet "argument" à la fin car il sait que s'il l'avait mis au début, les guerriers (et donc ses lecteurs) n'auraient pas compris la différence qu'il faisait entre un soldat et un guerrier. [...]
[...] Puisqu'il aime la guerre, il ne peut aimer la paix que comme la période précédant un conflit nouveau. La vision du soldat diffère donc considérablement de la bienveillance générale quant aux périodes de paix. La paix ne peut être comprise comme la période où le calme est observé entre les belligérants. Mais Nietzsche, par deux fois, interpelle ses guerriers en leur disant : "Que votre paix soit victoire Alors comment comprendre l'utilisation du terme paix ? Comme souvent (toujours chez lui, Nietzsche utilise un double sens au mot. [...]
[...] Cherchez-vous un ennemi, faites votre guerre, battez-vous pour vos pensées. Et si votre pensée succombe, que votre probité chante victoire néanmoins. Aimez la paix comme le moyen de nouvelles guerres, et la paix brève mieux que la longue. Je ne vous conseille pas le travail, mais la lutte. Je ne vous conseille pas la paix, mais la victoire. Que votre travail soit lutte, que votre paix soit victoire ! On ne peut garder le silence et rester en paix que si l'on a un arc et des flèches ; autrement le temps passe en bavardages et en querelles. [...]
[...] Dans ce texte, Nietzsche nous a décrit la façon dont il percevait la guerre et les qualités requises pour être un guerrier, et non simplement un "vulgaire" soldat. Mais à travers cette vision un peu polémique de la guerre (prôner la guerre au lieu de la paix, la haine plutôt que l'indifférence, la bravoure plutôt que ce qui est "joli et touchant"), il faut essayer de voir plus loin. Il y aussi dans ce texte l'envie de Nietzsche d'expliquer que l'être humain, même parfait ne peut prendre la place laissée vacante par la mort de Dieu. [...]
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