« Paris, 1995. A 70 ans Gilles Deleuze se défenestre, après plusieurs années de maladie respiratoire grave »… Agrégé de philosophie en 1948, Deleuze enseigne à l'université de Lyon à partir de 1964 avant d'être appelé par Michel Foucault à Vincennes en 1969. Les premiers ouvrages du philosophe sont des introductions à la pensée des grands auteurs ou des histoires de la philosophie qui mettent en place un champ de références privilégiées. Sous sa plume, Hume et Bergson, Spinoza et Nietzsche continue de créer, de provoquer la pensée et les sens. En 1953, Empirisme et Subjectivité développe une position critique envers la philosophie kantienne. En 1962, il écrit sur l'œuvre de Nietzsche (Nietzsche et la philosophie), qui restera un de ses références fondamentales. Il publie en 1972, en collaboration avec Félix Guattari, L'Anti-Œdipe suivi de Mille Plateaux, qui soulève une polémique en s'attaquant à la psychanalyse classique, à la pensée réactive lacano-freudienne. Le souci d'une pensée positive, le projet d'un antidialectique l'éloge de désirs multiples, l'expérience contre l'interprétation, l'affirmation contre le ressentiment, la figure en rhizome contre la rationalité appartiennent à la pensée deleuzienne. Outre la philosophie classique, Deleuze, de moins en moins « saisissable », de plus en plus occupé à renouveler les objets philosophiques, s'intéresse à la politique, à la littérature et en particulier à Proust, Kafka, Carroll, à la musique, au cinéma et à la peinture… Deleuze n'expliquera jamais son choix d'écrire sur Bacon. Si l'on sait que le peintre est très souvent à Paris dans les années 70-80, que de grandes expositions lui sont consacrées, les deux hommes ne se rencontreront qu'après la publication du livre…
[...] Deleuze en vient même à dire que la logique de la sensation est une force qui dissout ces deux faces dans le mouvement. Le peintre doit dans un premier temps nettoyer, gommer les données figuratives: il y a toujours - déjà des clichés sur la toile, et si le peintre se contente de transformer le cliché, de le déformer ou de le malmener, de le triturer dans tous les sens, c'est encore une réaction trop intellectuelle, trop abstraite, qui laisse le cliché renaître de ses cendres, qui laisse encore le peintre dans l'élément du cliché ou qui ne lui donne plus d'autre consolation que la parodie Bien que fasciné par la photographie, Bacon ne lui accorde aucune valeur esthétique car même lorsqu'elle cesse d'être seulement figurative, c'est-à-dire de représenter quelque chose, elle ne peut arriver à une déformation de la chose vue en ce sens elle est le contraire de la peinture. [...]
[...] Autrement dit le devenir- viande est une zone commune entre homme et animal. La peinture de Bacon devient une sorte d'épiderme vicieux, rugueux, grumeleux, tantôt gras, tantôt sec, tantôt opaque, tantôt translucide et peu d'images inquiètes et inquiétantes de l'homme émergent du magma de la matière, de l'acharnement fiévreux du geste du peintre, du réseau intense des signes. Puis soudain un surgissement: toujours le saisissement, le sang, la limite, l'extrême, la mort perceptible: l'existence humaine comme une pièce avec laquelle l'on jouerait à pile ou face. [...]
[...] Mais comment sortir du cliché, des images vues? L'acte de peindre consiste pour Bacon à faire des marques au hasard sur la toile - que Deleuze nomme traits-lignes hasard non pas probaliste mais désignant au contraire un type de choix ou d'action sans probabilité, un hasard manipulé, des marques accidentelles; mais aussi à nettoyer, chiffonner, balayer des zones - tâches couleurs à jeter de la peinture. Cela ayant pour but de se détacher des données figuratives C'est- ce que Bacon appelle le diagramme. [...]
[...] Deleuze, Francis Bacon, logique de la sensation L'Œuvre met mal à l'aise, en même temps elle attire le regard comme un aimant. La scène semble être figurée sur la piste d'un cirque ou d'une arène. L'homme souffre dans sa chair visiblement torturée. Bacon exécute sa peinture comme un cri, son but: transmettre directement la sensation en évitant le détour de l'ennui d'une histoire à raconter Produire la ressemblance avec des moyens non ressemblants Deleuze, dans son essai Francis Bacon, logique de la sensation s'attache à cette obsession du peintre à bâtir l'apparence du sujet humain, à capter les forces qui le traversent. [...]
[...] Sous sa plume, Hume et Bergson, Spinoza et Nietzsche continue de créer, de provoquer la pensée et les sens. En 1953, Empirisme et Subjectivité développe une position critique envers la philosophie kantienne. En 1962, il écrit sur l'œuvre de Nietzsche (Nietzsche et la philosophie), qui restera un de ses références fondamentales. Il publie en 1972, en collaboration avec Félix Guattari, L'Anti-Œdipe suivi de Mille Plateaux, qui soulève une polémique en s'attaquant à la psychanalyse classique, à la pensée réactive lacano-freudienne. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture